Qui aurait dit que même les morts seront dérangés un jour dans leur sommeil éternel par les vivants ? Les cimetières, un lieu sacré pour toutes les croyances, sont devenus des terrains vagues et sont de plus en plus squattés par des personnes faisant fi à toute morale qui ont carrément utilisé cet espace sacré pour y ériger des habitations. Sidi Messahel et Lalla Setti sont les deux saints les plus respectés par la population du faubourg Boudghène. Si notre Dame du plateau a échappé à la horde des nouveaux Huns dans les années 1990 et fait l'objet d'une protection particulière, ce n' est pas le cas du patron de Lalla Gnawa. Le cimetière, qui date depuis plus d'un siècle, n'est plus visible comme il l'était, il est assiégé par des constructions illicites et certaines tombes ont disparu. Un citoyen du faubourg Boudghène avait du mal à trouver la tombe de son père, la sépulture a tout simplement disparu, face à l'avancée du béton. Pour rappel, tous les habitants de Boudghène, d'El-Kalla, du terrain Larafi enterraient leurs morts à Sidi-Messahel. Le mausolée n'a pas échappé à ces agressions, d'ailleurs, il est fermé depuis longtemps. Lors de notre passage, une femme, qui habite le quartier, est venue à notre rencontre pour nous dire que cette situation dure depuis longtemps, sans que personne intervienne pour sauver ce qui reste du mausolée et du cimetière, certains y ont planté des arbres et cultivent des espaces. A l'entrée du mausolée, une carcasse de voiture abandonnée sert de benne à ordures, cela a été signalé aux services de l'APC de Tlemcen, il y a longtemps. A l'époque, toutes les futures mariées brûlaient un cierge à Sidi-Messahel, avant de quitter la maison des parents. Les you-yous des femmes se sont tus depuis longtemps et pour cause , les traditionnelles zyarate appartiennent à un passé lointain. Pour les rares visiteurs, il y a un homme dévoué, qui a toujours les clés de Sidi-Messahel : Sahli , un ancien et natif de Boudghène est toujours là pour vous servir. M. Zenasni