Quelques heures après l'annonce du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales de la mise en place d'une commission d'enquête pour débusquer les coupables dans les graves incidents qui se sont produits lors des matchs de Constantine (JSK-MCA) et d'Oran (MCO-CRB), la FAF a fini par réagir en publiant un rapport d'une rare frigidité. Rappel après rappel, l'instance fédérale a promis de frapper lourdement suite aux événements du vendredi 13 avril à Hamlaoui et Zabana. Elle doit, néanmoins, attendre les rapports de tous ses délégués missionnés pour les deux rencontres mais surtout ceux des services de sécurité dont les résolutions qui parviendront aux membres de la commission d'enquête instituée par le ministère de Nouredine Bedoui. C'est, d'ailleurs, pour cette raison que la commission de discipline du comité transitoire de la LFP n'a pas pris de décisions au sujet de l'affaire du match de Constantine dont le dossier a été laissé ouvert comme le fut celui du match MCEE-JSMB (26e journée de la ligue 2) entaché par des incidents aux alentours du stade Messaoud-Zeghar à la mi-temps. Par contre, la structure dirigée par Kamel Mesbah a tranché définitivement sur l'affaire MCO-CRB, partie arrêtée à quelque dix minutes du temps réglementaire. Le club d'El-Hamri a été sanctionné à 4 rencontres à huis clos dont deux loin du stade Ahmed-Zabana en sus d'une forte amende (20 millions de centimes). La CD/LFP a même osé pénaliser les Hamraoua en corsant l'addition de la défaite essuyée vendredi passé devant le Chabab (3-0 au lieu de 2-0) sans manquer d'infliger une autre sanction d'ordre financier sous forme de privation des droits TV induits par la retransmission de ladite rencontre. Ladite commission s'est employée à appliquer l'article 70 alinéa 3 pour «mater» le club d'Ahmed Baba qui recevra le CSC (27e) puis la JSK (30e), soit les deux derniers matchs de la saison à domicile, en l'absence de sa galerie. Le CSC impliqué... Pour les deux autres dossiers (JSK-MCA et MCEE-JSMB), Me Mesbah préfère entendre la semaine prochaine les parties prenantes, en l'occurrence le président de la JSK, le DGS du MCA et le manager général du CSC ainsi que les présidents du MCEE et de la JSMB avant de prendre une décision. Ceci, bien entendu, si la commission d'enquête du ministère de l'Intérieur parvient à des conclusions s'agissant des responsabilités des uns et des autres. Il faut juste préciser que la CD/LFP a impliqué un club tiers, le CS Constantine dont le manager général, Tarek Arama, présent vendredi dernier au match JSK-MCA, et qui n'était pas concerné (le CSC, ndlr) par l'organisation de cette demi-finale. Le passage d'Arama devant la commission de Kamel Mesbah suppose que la commission de discipline soupçonne, à travers des informations et des documents (vidéo), le dirigeant constantinois d'être en partie responsable de ce qui s'est produit vendredi passé avant, pendant et après la rencontre de Coupe. Des sanctions peuvent alors frapper et le dirigeant et le club de Cirta si la preuve de leur implication est apportée. L'invite adressée à M. Arama pourrait être aussi une procédure routinière faisant du manager général du CSC un témoin majeur dans ce dossier épineux. Contrairement à Arama, la convocation des responsables de la JSK et du MCA n'est pas de pure formalité. Aussi bien Chérif Mellal que Kamel Kaci-Saïd sont des responsables directs dans les malheureux événements qui ont éclaté vendredi passé au stade Chahid-Hamlaoui de Constantine. Par leurs déclarations depuis que le tirage au sort a été effectué mais aussi par leurs décisions prises à la veille du rendez-vous. Mellal s'est muré à choisir Constantine faisant fi de la rivalité entre les Mouloudéens et les Constantinois tandis que Kaci-Saïd a refusé de prendre en charge la vente de la quote-part des fans mouloudéens pour cette demi-finale. Dans tous les cas de figure, ces deux dirigeants paieront pour leur «arrogance». Des sanctions administratives et financières leurs seront infligées. Qui sanctionnera Bakiri et sa commission ? Des sanctions qui peuvent s'étendre sur le plan judiciaire tant il y a eu mort d'hommes lors de ces événements tragiques intervenus alors que l'Algérie venait à peine de vivre l'horreur avec le crash de l'avion militaire qui a coûté la vie à 257 personnes. Si la CD/LFP n'est pas habilitée à porter l'affaire devant les tribunaux, une telle procédure relèverait plutôt de la compétence de la FAF, la justice pourrait entrer en jeu dans le cas où la commission d'enquête ministérielle apporte la preuve de l'implication des personnes convoquées par la LFP mais également d'éventuels autres «intervenants» dans ces émeutes. C'est la moindre des choses que d'actionner l'arsenal juridique aux fins de mettre fin à de tels actes barbares. Peut-être bien que la commission d'enquête apportera la preuve de la responsabilité de la FAF et/ou de ses représentants dans cette tragédie. La commission Bakiri, ceux qui ont inspiré la règle des 20 milles places obligatoires dans les enceintes sportives devant abriter les matchs de coupe à partir des quarts de finale mais surtout les officiels désignés pour ces manifestations ne sont pas exempts de reproches. Ils doivent, en ce sens, répondre de leurs actes aussi bien devant des instances sportives et les juges tant leur responsabilité est engagée. C'est à ce prix que la violence qui frappe notre football cessera même s'il faut rappeler que l'origine de la violence est historiquement d'ordre économique, social et politique. M. B.