La baisse des stocks des pays de l'OCDE, notamment américains, conjuguée aux tensions géopolitiques, ainsi que les spéculations autour de la réunion des pays signataires de l'accord de réduction de l'offre, consolident la tendance à la hausse des cours du pétrole qui caracolent désormais au-dessus des 70 dollars. Portés par des facteurs externes comme la situation politique au Venezuela, les risques de sanctions américaines contre l'Iran et les affrontements en Syrie, les prix du pétrole ont augmenté cette semaine, grimpant à leur plus haut niveau depuis décembre 2014. Ce ne sont néanmoins pas ces tensions géopolitiques qui consolident cette tendance à la hausse, puisque ce sont désormais les fondamentaux du marché qui boostent les prix. Les stocks des pays de l'OCDE, notamment américains, ont enregistré une autre baisse au mois de mars, passant à 2,83 milliards de barils (3,12 en juillet 2016) d'autant que la 8e réunion du Comité ministériel conjoint de suivi des pays de l'Opep et des pays non Opep (JMMC), tenue hier en Arabie Saoudite, a noté avec satisfaction le respect de l'accord sur la réduction de l'offre. «Le JMMC a examiné, sur la base des rapports élaborés par le Comité technique conjoint Opep et non Opep, qui s'est réuni jeudi 19 avril 2018, les développements récents du marché pétrolier international observant, avec satisfaction, une amélioration constante et soutenue de ses fondamentaux. Le JMMC a, également, examiné les niveaux de conformité des engagements de baisse de la production des pays Opep et des producteurs de pétrole non Opep, relevant avec satisfaction un taux de conformité record de 149% pour le mois de mars 2018», a indiqué le ministère algérien de l'Energie dans un communiqué qui reprend les termes du communiqué du JMMC. Un taux record qui s'explique en partie par la baisse de la production algérienne pour des raisons liées à la gestion de la pression des gisements, passant pour la première fois depuis plusieurs années sous la barre de 1 million de barils/jour : 966 000 barils/jour selon le rapport de l'Opep (1 036 000 barils/jour au mois de février). Une baisse de 70 000 barils/jour qui s'ajoute au quota algérien (50 000 barils/jour) déjà respecté à la lettre dans le cadre de ses engagements avec l'Opep pour la réduction de l'offre. Ainsi, sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a clôturé jeudi à 73,78 dollars, en hausse de 30 cents par rapport à la clôture de mercredi et à un nouveau plus haut depuis la fin 2014. Celui de Light Sweet Crude, référence américaine du brut, pour le contrat de mai a perdu 18 cents à 68,29 dollars. Une clôture en ordre dispersé au vu des commentaires précédant la réunion des pays de l'Opep avec leurs partenaires et des inquiétudes concernant l'ampleur de la production américaine. En séance, le cours du pétrole new-yorkais a toutefois atteint 69,56 dollars, au plus haut depuis le 28 novembre 2014. En effet, le rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (AIE), qui a annoncé mercredi une légère hausse de la production américaine, avait fait état d'une baisse des stocks de brut et de produits raffinés aux Etats-Unis. «La baisse des stocks américains est inattendue pour la saison alors que l'été, saison des grands déplacements en voiture, n'a pas commencé», ont fait remarquer les analystes de Morgan Stanley. L'analyste Phil Flynn de Price Futures Group, lui, qui a indiqué avant cette 8e réunion du Comité ministériel conjoint de suivi des pays de l'Opep et des pays non Opep (JMMC), que «des commentaires prêtés à des membres de l'Opep ont évoqué la fin de la surabondance de pétrole dans le monde, raison initiale de l'accord pétrolier», a estimé que «cela ne veut pas dire pour autant que les pays producteurs vont relâcher immédiatement la pédale de frein, ils s'accommoderaient bien d'une poursuite de la hausse des cours». Il convient de noter que l'accord sur la réduction de l'offre du pétrole en vigueur depuis le début de l'année 2017 est, faut-il le rappeler, valable jusqu'à la fin de cette année. L. H.