Donc, si j'ai bien lu le fascicule du ministère du Tourisme, lorsque je suis invité à manger chez des amis kabyles, ou plus généralement berbères, il faut me munir d'un... ...passeport et d'un visa en cours de validité, Yek ? 65 ans ! Monté au maquis en 1994, il s'est enfin rendu aux autorités. Je pense, fort humblement du reste, qu'il aurait plutôt dû se rendre aux autorités... sanitaires ! Même si les urgences hospitalières sont en grève, il est possible d'admettre à titre exceptionnel ce «chibani du khôl et du kalache» dans un service de rhumatologie ou de gériatrie. Tout en prenant soin de prévenir, malgré tout, leurs collègues de la morgue. On n'est jamais assez prudent, à ce niveau-là de reddition-carbone 14 ! Les services de la Cnas, de la Sécurité sociale et de la CNR disposaient jusque-là d'antennes dédiées à cette catégorie d'«assurés», d'assurés de l'impunité et de pensionnés de la généreuse mamelle de la République, il va falloir, là aussi, penser à en implanter dans les maisons de retraite, voire créer des caisses ambulantes, itinérantes, prestatrices de services à domicile. Je vois mal notre gugusse se déplacer lui-même dans les agences. Non pas à cause des regards noirs que pourraient lui lancer les autres assurés et pensionnaires dits «normaux», ces regards noirs ayant depuis longtemps viré au vitreux de l'indifférence, mais à cause d'un problème tout simple de... motricité ! Et puis, au moment où notre système de santé est en débat, débat souvent musclé et teinté à l'hémoglobine, il est bon pour l'image générale de la Principauté de Dézédie de montrer que les «égarés» de la Nation — contrée pleine, bourrée à ras-bord de mansuétude — peuvent réintégrer la maison à n'importe quel âge. Il n'y a pas d'âge pour refaire sa vie ! Il y en a un, par contre, pour la perdre, comme l'ont perdue toutes les victimes de ces «retraités de la mah'choucha» ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.