L'équipe de France a réussi la première partie de sa préparation au Mondial-2018, avec deux victoires (Irlande 2-0, Italie 3-1) qui ont accentué la concurrence Tolisso-Pogba et Giroud-Dembélé dans le onze de départ. Les Bleus, épargnés par les blessures contrairement à l'avant-Euro-2016, passent le week-end auprès de leurs proches et reviendront lundi après-midi à Clairefontaine, jour de communication de la liste définitive à la Fifa. Ils auront encore un troisième amical, contre les Etats-Unis samedi prochain à Lyon, répétition générale avant de partir le lendemain pour la Russie où les choses sérieuses commenceront, face à l'Australie le 16 juin à Kazan. Tolisso OK, Pogba KO Nice a peut-être vu une passation de pouvoir, un croisement des courbes entre l'ascension de Corentin Tolisso et le déclin de Paul Pogba, en dépit de sa stature hors norme. Vendredi soir, Didier Deschamps a loué Tolisso, qui «a confirmé tout ce qu'il fait de bien depuis un moment avec nous». Le Munichois, révélé en Bleu un jour de bouillie bulgare en octobre, a toujours répondu présent lors de ses 8 sélections, dans l'engagement physique comme dans l'orientation du jeu. De manière plus embarrassée, «DD» a soutenu tant bien que mal Pogba, qui «n'a pas tout bien fait, mais il a permis à l'équipe d'être efficace sur le plan défensif». Voire... «Pogboom», qui se rêvait en «patron» du haut de son expérience (53 capes), a été transparent en première période et un peu mieux en seconde. Il s'est fait siffler par le public niçois à sa sortie puis étriller par la presse d'hier. En Russie, «Pogbanc» ?... «Olive» ou «Ous» ? Aux trois postes offensifs, le leader d'attaque Antoine Griezmann et la pépite Kylian Mbappé sont incontournables. Reste le troisième larron. C'était l'expérimenté trentenaire Olivier Giroud lundi (73 sélections, 31 buts), le jeune Ousmane Dembélé vendredi (11 capes, 2 réalisations). Ils ont chacun marqué en étant titulaire, et proposent des styles opposés: «Olive» en remise, avec le jeu de tête en point fort ; «Dembouz» tout en vitesse et fulgurances. Trancher entre les deux s'apparente à un dilemme pour Deschamps, tant il apprécie l'efficacité du premier et la folie du second. Le profil de l'adversaire pourrait faire pencher la balance. Giroud, «c'est un joueur trop souvent, injustement, critiqué. Il n'a pas les qualités qu'ont d'autres attaquants, mais son style de jeu permet à l'équipe de bien jouer, d'avoir des enchaînements, ce qui ne l'empêche pas d'être efficace et pour un attaquant c'est très important», soulignait le sélectionneur lundi soir. Vendredi soir, il disait : «Ousmane est capable de faire des choses fantastiques, de créer des différences. Il a cette vitesse balle au pied, il utilise les deux pieds, met un superbe but. Il peut rater des choses faciles». Défense : en attendant Varane En charnière centrale, Raphaël Varane n'est pas encore apparu, mais devrait selon toute vraisemblance reprendre sa place aux côtés de Samuel Umtiti, même si Adil Rami n'y a pas démérité. Il y a un verrouillage à parfaire (sept buts encaissés lors des cinq derniers matchs des Bleus). Sur les côtés, c'est plus flou. Les titulaires naturels sont Djibril Sidibé et Benjamin Mendy, aux tendances offensives. Mais Benjamin Pavard et Lucas Hernandez ont marqué des points, et leur registre défensif apporte plus de sécurité dans un schéma où les attaquants ne bloquent pas les couloirs. 4-3-1-2 Depuis l'Euro-2016, l'équipe était organisée en 4-4-2 (avec milieu à plat), afin de mettre Griezmann dans les meilleures dispositions en attaque, ce qui sacrifiait le poste de sentinelle occupé par N'Golo Kanté. Si Deschamps était revenu au 4-3-3 d'antan en mars, il opte désormais pour le 4-3-1-2, comprenant trois milieux travailleurs et un meneur de jeu ou «neuf et demi» en soutien d'une doublette d'attaquants. Ce schéma, aux permutations incessantes dans le secteur offensif, laisse Kanté et «Grizou» dans leurs positions préférentielles, ainsi que Mbappé, libre d'occuper tout le front de l'attaque. Il permet aussi de conserver une ligne de sécurité avec trois milieux récupérateurs. Mais l'équipe est dès lors souvent coupée en deux; les trois attaquants pèchent dans le repli défensif et l'occupation de la largeur. Ce 4-3-1-2 sera-t-il reconduit contre des adversaires plus entreprenants qu'Irlandais et Italiens ?