Cinquante-six ans après l'indépendance, la liste des condamnés à mort durant la période de la guerre de libération reste ouverte. De nouveaux noms viennent justement de s'y rajouter. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Arrêtée durant longtemps au nombre de six, la liste des femmes condamnées à mort par la France durant la guerre de libération s'est finalement allongée. Une autre Algérienne condamnée à la peine capitale a été dernièrement révélée. La moudjahida Zohra Ghamrani rejoint sur cette liste Djamila Bouhired, Djamila Bouaza, Jacqueline Guerroudj, Zahia Kharfallah, Baya Hocine et Djouhar Akrour. Présente au forum de la mémoire d'El Moudjahid tenu hier à Alger, en coordination avec l'association Machaâl Echahid, à l'occasion de la journée nationale des condamnés à mort, Mme Zohra Ghamrani racontait d'une voix calme son arrestation et incarcération. Elle évoque d'abord son combat dans les maquis de l'ALN avant d'être chargée de déposer une bombe en ville. «C'est ma cousine déjà membre de l'ALN qui m'a proposé de rejoindre le maquis. Quelque temps plus tard, on m'a chargée moi et quatre autres femmes du maquis de déposer des bombes en ville», dit-elle. Arrêtée par l'armée française, Ghamrani est restée en prison durant deux ans avant de comparaître devant le tribunal militaire de Guelma et écoper de la peine capitale. Transférée à la prison d'El Khroub à Constantine puis à celle de Barberousse (Serkadji) à Alger, «j'y suis restée jusqu'à l'indépendance», ajoute-t-elle. L'intervenante évoque également sa codétenue, Fella Oucif, elle aussi, précise-t-elle, «condamnée à mort». L'affaire de Zohra Ghamrani et de son groupe a été rapportée par la Dépêche de Constantine. Dans sa lecture de l'article du journal publié en mars 1961, le moudjahid Salah Chorfi affirme que Mme Ghamrani a été présentée devant le tribunal militaire permanent de Guelma et condamnée à la peine capitale pour tentative d'assassinat en 1959. C'est justement lui qui, suivant les quelques indices trouvés par-ci par-là, s'est lancé à la recherche de la 7e femme condamnée à mort par la France coloniale durant la révolution nationale. Salah Chorfi parle également d'une autre de ses découvertes. «J'ai trouvé une autre femme condamnée à mort durant la guerre de libération. Il s'agit de Keltouma Ben Zerga de Mascara. Elle est morte plus tard après l'indépendance mais malheureusement, je n'ai pas pu trouver des traces de sa famille et proches», regrette-t-il. Il rappelle, par ailleurs, que 213 détenus ont été exécutés par la France durant la guerre de libération dont, précise-t-il, «141 à la guillotine, 43 par balle, quatre par empoisonnement et quatre autres brûlés vifs». Ry. N.