Discrète, elle l'a été jusqu'à sa mort, elle est partie sans faire de bruit, endormie sur son lit», témoigne son mari, Rabah Amrane, toujours sous le choc de la disparition de son épouse. La moudjahida Djamila Amrane, de son vrai nom Danielle Minne, décédée avant-hier, chez elle, à Alger, à l'âge de 77 ans, a été enterrée hier après-midi, comme elle l'avait souhaité, à Béjaïa, en présence de sa famille, des autorités locales, de moudjahidine et d'anonymes. La dépouille mortelle a atterri à l'aéroport Abane Ramdane de Béjaïa vers 16h, avant d'être acheminée vers le cimetière Sidi M'hamed Amokarne, dans le chef-lieu de Béjaïa, où a eu lieu l'enterrement dans une ambiance sobre et discrète. Le directeur des moudjahidine de Béjaïa a procédé «au nom du wali, du ministre des Moudjahidine et de la famille révolutionnaire» à la lecture de l'oraison funèbre, où il a rappelé le parcours de la défunte et son engagement «indéfectible et assumé» aux côtés des Algériens, dans leur combat pour se libérer du joug colonial français. «Nous disons au revoir à une femme qui était d'origine française mais qui était de l'envergure des héros de la Guerre de Libération nationale qui a véhiculé des valeurs de combat et d'abnégation», a-t-il dit. Les membres de la famille de la défunte, ceux qui l'ont côtoyée et des moudjahidine ont répondu, juste après l'enterrement, aux questions des nombreux journalistes présents sur place, sur le parcours et la vie de la moudjahida. «Discrète, elle l'a été jusqu'à sa mort, elle est partie sans faire de bruit, endormie sur son lit», témoigne son mari, Rabah Amrane, visiblement toujours sous le choc de la disparition de son épouse. «C'était une femme courageuse qui avait cru en Algérie avant et après l'indépendance. Avant la libération du pays, elle avait embrassé la lutte armée, après l'indépendance, elle s'était engagée intellectuellement en faisant l'effort de se perfectionner», dira, pour sa part, Djoudi Attoumi, ancien moudjahid et ancien secrétaire du Colonel Amirouche. Née d'une famille de communistes de Neuilly-sur-Seine (France), militants du Parti communiste français (PCF), Djamila Amrane-Minne avait rejoint les maquis du FLN à l'âge de 18 ans. Elle était connue pour avoir participé activement à la grève des étudiants en 1956 et avoir été, avec la moudjahida Zahia Kharfallah, derrière la bombe déposée au café L'Otomatic, à Alger. Recherchée par la police coloniale, elle avait rejoint la Wilaya III. C'est là qu'elle se marie avec le moudjahid Khellil Amrane, puis avec son frère Rabah Amrane. Elle faisait partie du groupe de combattants envoyé par le Colonel Amirouche en Tunisie pour poursuivre leurs études, qui est tombé dans une embuscade de l'armée française, du côté de Bordj Bou Arréridj. Plusieurs de ses compagnons périrent ce jour-là. L'engagement de la défunte était également intellectuel. On lui doit beaucoup d'ouvrages, de poèmes et de témoignages sur la Guerre de Libération. Par ce double engagement, elle avait forcé l'admiration et le respect.