Le sacrifice des moudjahidate, condamnées à mort durant la Guerre de libération nationale par l'administration coloniale française, a été évoqué mardi à Alger, en présence de l'une d'elle, Zohra Ghomari, ayant témoigné pour la première fois de son engagement patriotique. L'hommage aux femmes militantes de la cause nationale, ayant été condamnées à mort pour avoir, pour la plupart d'entre elles été poseuses de bombes, leur a été rendu dans le cadre du "Forum de la Mémoire" du quotidien El-Moudjahid, à l'occasion de la Journée nationale des Condamnés à mort, célébrée ce jour. Le moudjahid Si Tahar Hocine a ainsi passé en revue le glorieux parcours de sept (7) combattantes ayant répondu à l'appel de la patrie, dés leur jeune âge, à savoir Baya Hocine, la plus jeune condamnée à mort (16 ans), Jacqueline Guerroudj, Djamila Bouhired, Djamila Bouazza, Djoher Akrour, Bahia Khalfellah et Zohra Ghomari. Aux côtés de celles-ci, ont également été condamnées par contumace les militantes Hassiba Ben Bouali et Zohra Drif, rappelle l'intervenant avant de convier Zohra Ghomari à témoigner d'elle-même, et pour la première fois de son vécu, de sa précieuse contribution aux actions de l'Armée de Libération nationale (ALN). Originaire de Guelma, elle raconte comment elle avait rejoint le maquis, alors à peine âgée de 11 ans, pour y demeurer trois ans en compagnie de 4 autres moudjahidate, avant de se voir confier la mission de déposer une bombe dans le local commercial d'un colon. Ce dernier croyant qu'elle avait omis le colis le lui rendit, ce qui l'avait contrainte à le placer dans une bijouterie appartenant à un autre Français, pour exploser par la suite. Elle fût arrêtée en 1957, avant d'être jugée par un tribunal militaire, après avoir croupi 2 ans à la prison de Guelma, puis celle de Batna avant d'atterrir dans celle de Barberousse (Serkadji). Sa condamnation à mort en 1959, pour la peine capitale, est annulée à la suite du cessez-le-feu en mars 1962 et sa libération effective dés l'indépendance, poursuit-elle, avec une voix empreinte d'émotions et d'humilité. Dans ce premier témoignage, Zohra Ghomari a tenu à évoquer deux sœurs côtoyées en prison, Fella et Warda Oucif, faisant savoir que la première, encore en vie, fût également condamnée à mort, avant d'être graciée en 1961. Intervenant au nom de l'Association nationale des anciens condamnés à mort, Si Salah Chorfi a tenu à noter que sur les 213 exécutions recensées durant la Guerre de libération nationale, l'administration coloniale française a appliqué 141 jugements par guillotine sur des militants algériens. 143 autres jugements ont été appliqués par balles, 4 autres en administrant du poison et 4 autres en brûlant vifs les personnes jugées, a-t-il ajouté, avant de révéler l'existence d'une autre condamnée à mort, Keltoum Benzerga, originaire de Mascara. Ayant lu son fait d'armes dans des archives de presse de l'époque, M. Chorfi a tenté, en vain, de retrouver les traces de cette moudjahida au sacrifice méconnu à ce jour, conviant "tous ceux qui connaitraient des condamnés à mort" à se rapprocher de son association pour les faire sortir de l'anonymat.