Du spectacle et du suspense sur le terrain, de l'ambiance dans les tribunes et aucun incident notable en dehors: le Mondial-2018 en Russie, qui avait suscité bien des craintes, a jusqu'ici livré une très belle édition. Bien sûr, le président de la Fifa Gianni Infantino est dans son rôle quand il lance en conférence de presse vendredi : «aujourd'hui, je peux le dire avec conviction: il s'agit de la meilleure Coupe du monde de tous les temps». Evidemment, ses contradicteurs rappelleront qu'Infantino, élu le 26 février 2016, est candidat à sa réélection lors du Congrès de son instance le 5 juin 2019 à Paris. Mais le sentiment que le tournoi russe, qui a commencé le 14 juin et qui s'est achevé hier après-midi par la finale entre la France et la Croatie, est une réussite est largement partagé. «C'est la plus belle Coupe du monde dont je me rappelle», lance ainsi Gary Lineker, ex-international anglais, aujourd'hui consultant vedette des médias anglais. «Elle a été incroyable, avec quatre ou cinq matchs parmi les plus beaux que j'ai vus dans ma vie: Portugal-Espagne (3-3), le formidable France-Argentine (4-3), les matchs de la Belgique contre le Japon (3-2) et le Brésil (2-1). L'intensité dramatique était là», explique-t-il dans le Journal Du Dimanche. Surprises Lineker était passé à la postérité en 1990 avec cet aphorisme : «Le football est un jeu où 22 types courent après un ballon et, à la fin, c'est l'Allemagne qui gagne». Comme l'Allemagne, tenante du titre, est sortie cette fois au premier tour, Lineker a eu son petit succès sur Twitter avec cette nouvelle formule : «Le football est un jeu simple. 22 joueurs courent derrière un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce n'est plus toujours l'Allemagne qui gagne. L'ancienne version appartient désormais à l'histoire». Car ce tournoi fut celui des surprises, avec, outre la mésaventure de la Mannschaft, l'élimination de l'Espagne en 8es de finale, stade où ont aussi été éjectés les dix derniers Ballons d'Or (5 chacun), Cristiano Ronaldo avec le Portugal et Lionel Messi avec l'Argentine. Comme le monde football a horreur du vide, il s'est choisi une nouvelle star qui a crevé l'écran dans ce tournoi: Kylian Mbappé, 19 ans, fer de lance de l'attaque de l'équipe de France. «Aujourd'hui, il y a Mbappé et les autres. Pour moi, il a amené son jeu dans une dimension qui l'installe aux côtés des plus grands», a salué Youri Djorkaeff, ancien international français, dans un entretien au Figaro. «Quand tu vois Messi, Ronaldo ou Neymar (sorti avec le Brésil en quart de finale) qui sont pratiquement obsolètes par rapport à ce que fait Mbappé (sourire)... Il leur a mis un coup de vieux.» Fièvre latino En dehors des terrains, les violences de hooligans russes envers des fans anglais en marge d'un match de l'Euro-2016 à Marseille avait fait craindre le pire pour le tournoi russe. Mais en Russie, les autorités ont pris le problème à bras le corps, n'hésitant pas à utiliser la manière forte (carte d'identité pour les supporters, présence discrète mais très efficace de la police) pour dissuader les fauteurs de troubles de s'illustrer pendant le Mondial-2018. Et, mis à part quelques mauvais comportements relayés par les réseaux sociaux, il n'y a eu aucun incident grave jusqu'ici. Quant à la fête, elle a été longtemps présente dans les rues des villes hôtes russes grâce à deux phénomènes. Il y a eu d'abord les fans d'Amérique du Sud pour faire monter la température. Pourquoi eux ? Nombre de pays latino-américains, comme l'Argentine ou le Pérou, bénéficient d'un régime sans visa pour la Russie. Et le tourisme en provenance du continent sud-américain connait aussi un coup de fouet grâce à l'émergence d'une classe moyenne de plus en plus aisée. Et puis il y a eu les Russes : leur sélection, la «Sbornaïa», qui n'avait pas gagné un seul match en 2018 avant le tournoi, a poussé son aventure jusqu'en quart de finale. Les organisateurs du Mondial-2022 au Qatar ont un immense défi à relever...