Par Cherif Rahmani(*) La nature renouvelle difficilement chaque année les ressources que l'humanité consomme. Et l'homme doit veiller à ne pas dépasser les ressources produites en gaspillant moins et en consommant modérément. Malheureusement, chaque année sur notre Terre et particulièrement en 2018, comme l'explique Valène Grammont de WWF : « nous aurons utilisé plus d'arbres, d'eau, de sols fertiles et de poissons de ce que la nature peut nous fournir en un an pour nous alimenter, nous loger et nous déplacer et émis plus de carbone que les océans et les forêts peuvent absorber ». Ce 1er août 2018, nous avons consommé nos ressources de l'année, c'est-à-dire, plus de ressources que la nature a produites en cette année 2018. La planète vit à crédit En d'autres termes, nous allons vivre, nous les hommes, sur cette planète Terre à partir du 1er août, à crédit pendant 5 mois jusqu'au 31 décembre 2018. Le fait aggravant est que cette date survient de plus en plus précocement ; l'année passée en 2017, comme je l'écrivais à cette période, la date de dépassement de nos stocks était survenue le 3 août 2017 et la survenance du dépassement intervient de plus en plus tôt. Un tiers de nos aliments finissent dans les poubelles Cette date de 2018 est la plus précoce et le mouvement s'accélère de plus en plus à cause de la surconsommation et le gaspillage. Un tiers de nos aliments finissent dans les poubelles y compris dans notre pays comme le rapporte épisodiquement la presse nationale. L'homme met à mal les ressources de la planète, les ressources s'épuisent, les stocks de poissons n'en finissent pas de se réduire, la terre s'érode. Les émissions carbone ont repris en 2017 et l'homme regarde ailleurs. Presque deux planètes Terre n'y suffiraient pas... Il nous faudrait aujourd'hui, l'équivalent de presque deux planètes Terre pour subvenir à nos besoins. Le seuil d'alerte est dépassé et l'action est de plus en plus nécessaire : il nous faut résolument aller aux énergies vertes, freiner notre surconsommation effrénée et contrôler la croissance démographique. Penser autrement notre urbanisme et construire différemment nos cités Il nous faut également penser autrement notre urbanisme et nos cités tentaculaires et construire avec qualité nos villes et nos logements. L'avenir de la planète est à ce prix et plus prosaïquement en Algérie, l'équilibre de notre société et la qualité de vie de nos enfants dépendent de notre action. Le temps de «il faut» est dépassé Cette situation n'est pas tenable dans la durée. Il importe d'inverser la tendance...Mais le temps presse. Le temps des «il faut» est dépassé et révolu. Il est tout à fait clair que les comportements ne peuvent changer que si les mentalités consuméristes changent. Cela passe par une volonté politique forte qui mobilise solidairement : les citoyens, les associations, les entreprises et les gouvernements. Non au sacrifice, oui à l'adhésion et l'acceptation ! Cela passe également par un changement de discours, de message qui ne soit pas fondé sur le sacrifice et le renoncement, mais nourri par d'autres valeurs au service d'une autre vie fondée sur l'adhésion démocratique et l'acceptation. C'est bien là un changement systémique de nos sociétés. C. R. * Ambassadeur des Déserts et des Terres arides, (Convention des Nations-Unies pour la Lutte Contre la Désertification). Président de la Fondation des Déserts du Monde. Membre de l'organisation internationale « Leaders pour la Paix ». Ancien ministre.