C'est ainsi que l'on nomme le jour où l'humanité a consommé l'ensemble des ressources que la planète, la nature, pouvaient lui fournir en une année. Pour 2018, c'est fait et depuis avant-hier, l'humanité vit «à crédit». Difficile certes de saisir cette notion mise au point en 2003 par l'ONG Global Footprint Network (voir encadré). Comment en effet expliquer que nous vivons à crédit ? En fait, c'est que depuis le premier jour de ce mois et pendant encore cinq mois, nous consommerons les ressources qui seront produites en 2019 et les années suivantes. L'humanité puiserait ainsi, de manière irréversible, dans les réserves naturelles de la Terre, ressources non renouvelables à l'échelle humaine. A cette date, nous aurons utilisé plus d'arbres, d'eau, de sols fertiles et de poissons à cause de l'agriculture intensive, de la surexploitation des océans (par la surpêche) et des forêts. La quantité de dioxyde de carbone (CO2) émis dans l'atmosphère est plus importante que ce que les écosystèmes (forêts et océans) peuvent absorber. Le calcul de la date du dépassement (Earth Overshoot Day en anglais) provient de celui de l'empreinte écologique (voir encadré), concept mis au point par le fondateur de Global Footprint Network, Mathis Wackernagel — qui est parfois contesté — et qui indique encore qu'il faudrait, à ce jour, 1,7 planète Terre pour subvenir à la consommation renouvelable et qu'au rythme de la consommation comme celle des pays occidentaux élargie à la Chine et à l'Inde, c'est à partir de 2050 qu'il faudra l'équivalent des ressources de deux planètes Terre pour subvenir aux besoins en ressources naturelles renouvelables. En 2017, la date de dépassement correspondait au 2 août, en 2016 au 3 août, en 2015 le 9 août, le 10 août en 2014 et 2013 etc. Elle est de plus en plus précoce chaque année. On a calculé qu'elle était le 24 décembre en 1974. Le 1er août correspond au jour calculé globalement pour tous les pays de la planète. Or, tous les humains n'ont pas atteint le train de vie américain ; il faudrait dans ce cas, selon certains scientifiques, jusqu'à cinq planètes pour vivre ! Les Français, eux, en auraient besoin de trois, les Chinois de 2,1, mais déjà bien au dessus des Indiens (0,6 planète). Le Japon aurait besoin de sept fois son pays pour satisfaire sa consommation actuelle, l'Italie et le Royaume-Uni de quatre fois. Au total, l'empreinte écologique des pays développés est cinq fois supérieure à celle des pays pauvres. L'Algérie aura consommé ses ressources naturelles non renouvelables le 10 septembre 2018 bien avant ses voisins. Le Maroc, le 15 décembre et la Tunisie le 15 octobre. Le Maroc et le Vietnam ferment les dates de dépassement. Le Qatar est en tête de liste avec le 8 février, suivi du Luxembourg, des Emirats arabes, de la Mongolie et des USA le 15 mars date à laquelle serai arrêté la date mondiale si l'humanité entière avait adopté le mode de vie américain…
A savoir : L'empreinte écologique est un indicateur et un mode d'évaluation environnementale qui comptabilise la pression exercée par les hommes envers les ressources naturelles et les «services écologiques» fournis par la nature. Elle se calcule par la mesure des surfaces alimentaires productives de terres et d'eau nécessaires pour produire les ressources qu'un individu, une population ou une activité consomme. On calcule encore les mêmes surfaces pour absorber les déchets générés par l'homme et ses activités. Cette surface est exprimée en hectares globaux (hag). Global Footprint Network, fondé en 2003, est un think tank indépendant basé aux Etats-Unis, en Belgique et en Suisse. Il est identifié comme étant un organisme de bienfaisance à but non lucratif au sens de la réglementation de chacun de ces trois pays. Global Footprint Network développe et promeut des outils pour faire progresser le développement durable, y compris l'empreinte écologique et la biocapacité. Ces notions servent à mesurer la quantité de ressources que nous utilisons et la façon de gérer ce que nous possédons. La biocapacité, ou capacité biologique, d'une zone biologiquement productive donnée désigne sa capacité à produire des ressources renouvelables et à absorber les déchets découlant de leur consommation, notamment la séquestration du dioxyde de carbone. La biocapacité est mesurée en hectares globaux, comme l'empreinte écologique. Une ressource naturelle est qualifiée de non renouvelable ou épuisable lorsque sa vitesse de destruction dépasse, largement ou non, sa vitesse de création. Ainsi un sol se forme en quelques siècles à plusieurs millénaires suivant les conditions chimiques, physiques et biologiques et est actuellement détruit dans certaines régions en quelques dizaines d'années, voire quelques années. On parle au contraire de ressource renouvelable lorsque leur reproduction est possible sur un temps court (production animale, végétale...) et ne consomme pas elle-même une ressource non renouvelable, ou lorsque la ressource n'est pas détruite par l'usage. Les projections actuelles montrent que le pétrole, qui a mis plusieurs dizaines de millions d'années à se former, sera épuisé au cours du XXIe siècle. D'autres ressources risquent d'arriver à épuisement avant le pétrole, au rythme actuel de consommation : le terbium, le hafnium, l'argent, l'antimoine, le palladium, l'or, le zinc, l'indium, l'étain, le plomb, le lithium, le tantale, le cuivre, l'uranium, le nickel…