Le colonel Mohamed-Salah Yahiaoui est décédé, dans la nuit du jeudi au vendredi à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja à Alger, succombant ainsi à une longue maladie. Le défunt, inhumé hier après la prière du vendredi au cimetière de Sidi Yahia à Alger était d'ailleurs hospitalisé depuis plusieurs mois à Amman en Jordanie. Il tire sa révérence à l'âge de 81 ans. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Né à Aïn El Khadra, dans la wilaya de M'sila, en 1937, Mohamed-Salah Yahiaoui a rejoint la Révolution en 1956. Il sera promu au grade de colonel dans la wilaya I historique. A l'indépendance, Yahiaoui poursuivra sa carrière dans l'armée et, à ce titre, sera l'un des officiers qui, sous la conduite du ministre de la Défense nationale, Houari Boumediène, organiseront «le redressement révolutionnaire», à savoir le renversement du régime de Ahmed Ben Bella, le 19 juin 1965. Mohamed-Salah Yahiaoui siégera, à partir de cette date, au Conseil de la Révolution, l'instance suprême qui dirigera le pays autour de Boumediène, pendant treize ans. L'un des derniers membres encore en vie de ce Conseil de la Révolution, Yahiaoui et, quelques jours avant lui, le défunt colonel Ahmed Bencherif, laisseront, désormais, un certain Abdelaziz Bouteflika comme le seul membre de ce cabinet noir de Boumediène, encore en vie, et encore au pouvoir ! Le hasard aura voulu, en plus, que ces deux hommes, le défunt Yahiaoui et Abdelaziz Bouteflika étaient, sous Boumediène, les deux chefs de file des deux courants rivaux. L'un, Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, représentait le camp des francophones, progressistes, proches de l'Occident et l'autre, Mohamed-Salah Yahiaoui, représentant du courant conservateur. Ancien directeur de l'Académie interarmes de Cherchell, Yahiaoui sera ensuite nommé par Houari Boumediène à la tête de l'ex-parti unique, le FLN en 1977. C'est à partir de ce poste stratégique, celui de patron de l'appareil FLN, que le défunt se retrouvera en position de postulant favori à la succession, à la suite de la disparition «surprise» de Houari Boumediène le 27 décembre 1978. Il avait en face de lui, comme féroce rival, le ministre des Affaires étrangères de la période d'or de la diplomatie algérienne. Mais la suite est connue : l'armée, notamment la Sécurité militaire du puissant Kasdi Merbah écartera l'un et l'autre leur préférant le plus gradé d'entre les siens, un membre du Conseil de la Révolution et chef de la 2e Région militaire, Chadli Bendjedid. K. A.