Le président français, Emmanuel Macron, a exigé le principe de réciprocité entre l'Algérie et la France sur tous les plans. À commencer par celui des investissements qui connaissent de moins en moins d'engouement. "On m'a dit que les Chinois font mieux que nous et sont plus dynamiques. Je suis prêt à motiver nos entreprises pour qu'elles viennent. Mais j'ai dit aussi que vous n'êtes pas un pays qui fait tout pour attirer les investisseurs", a déclaré M. Macron, dans un entretien accordé au site TSA. Selon lui, "le contrôle des changes contraignants et la règle des majorités (49/51, ndlr) sont là. On doit se dire les choses comme des partenaires. Votre économie ne s'est pas ouverte et, du coup, il y a un cadre de modernisation qui doit se faire (...) Moi, je souhaite aussi que des Algériens viennent investir davantage en France parce que vous avez de grands entrepreneurs", citant, à titre d'illustration, le patron du groupe Cevital. "M. Rebrab a acheté des marques et de grandes entreprises françaises", a-t-il dit, ajoutant : "Il faut qu'il y en ait d'autres." Mais "pour cela, il faut un cadre d'investissement plus ouvert et plus protecteur". Appelant les autorités algériennes à "moderniser l'économie algérienne pour les Algériens qui entreprennent en Algérie et pour les étrangers qui veulent investir en Algérie", M. Macron dira que les deux parties devront partager les responsabilités. "Il ne faut pas dire à l'autre c'est ta faute. Si ça ne va pas, c'est la faute à tous les deux !" Et de résumer sa pensée : "Si la France peut mieux faire, je m'en occuperai. Mais cela veut dire aussi que l'Algérie peut mieux faire !" Abordant l'objectif de sa visite, il dira qu'"il y a cette jeunesse algérienne issue de la France et il y a cette jeunesse algérienne qui regarde beaucoup la France et qui attend beaucoup d'elle. C'est cela le moteur de ma visite d'aujourd'hui". Annonçant l'ouverture d'une "Ecole 42" dédiée aux startuppers en informatique à Alger, M. Macron dit préférer, en guise d'alternative aux visas, que "la France vienne développer ces partenariats en Algérie pour que les jeunes réussissent ici". Abordant la question de la mémoire, le président Macron a réaffirmé sa position sur ce dossier, estimant qu'"il y a un espace, celui de reconnaissance mutuelle. Il n'y a ni déni ni repentance (...) Il n'y a pas chez moi de repentance. Nous sommes dans la librairie de l'Emir Abdelkader qui a su ne pas s'enfermer dans le passé et qui était devenu ami de la France. Aujourd'hui, je suis président et je n'ai que 39 ans. Je regarde la jeunesse algérienne, je lui dis : ‘Aie la force de caractère de tes héros'". Sur le sujet de la restitution des crânes des résistants algériens tués dans les années 1850, Macron a dit y être prêt, mais exige toutefois la réciprocité : "Il y a des personnes qui sont nées en Algérie et qui veulent y revenir. Parmi elles, des harkis et des fils de harkis. Ce serait un geste fort de réconciliation." FARID BELGACEM