Prises de becs avant le derby ! Virtuelles puis verbales, les escarmouches entre Sergio Ramos et Antoine Griezmann laissent présager de chaudes retrouvailles entre le Real Madrid et l'Atlético ce soir (19h45) en Championnat d'Espagne, revanche de la Supercoupe d'Europe gagnée mi-août par les «Colchoneros». Acte I: le couronnement de la discorde Dans la chaleur de l'été, à Tallinn, tous les acteurs du derby sont déjà sur scène. Et c'est l'Atlético qui triomphe au terme d'une Supercoupe superbe et indécise, conclue en prolongation par des buts de Saul et Koke (4-2 a.p.). Pour l'occasion, Griezmann, tout frais champion du monde, a écourté ses vacances. En manque de rythme, il soulève tout de même son troisième trophée de l'année après la Ligue Europa et la Coupe du monde. De quoi rêver ouvertement du Ballon d'Or 2018 après avoir échoué sur la troisième marche du podium en 2016, derrière les indéboulonnables Cristiano Ronaldo et Lionel Messi... «Je l'ai en tête», reconnaît Griezmann. Pour fêter cette Supercoupe, le Français se fend d'une publication sur son compte Instagram, comme à son habitude. Mais l'image fait grincer des dents au Real: le montage montre «Grizi» assis sur un trône, revêtu d'un manteau d'hermine et d'un collier aux armes de l'Atlético. Et derrière lui, Sergio Ramos, en simple chemise portant l'écusson merengue, paraît déposer une couronne royale sur la tête du Français. Irrévérencieux aux yeux des supporters du club triple champion d'Europe en titre. Au point que Griezmann, comme pour se rattraper, partage sur internet son équipe-type d'un jeu vidéo de football... avec Ramos en défense centrale. Acte II : «Les ignorants, ça ose tout» Alors qu'on pensait ce montage oublié, Ramos montre qu'il a la rancune tenace : le capitaine du Real apparaît en conférence de presse à la veille d'affronter l'AS Rome (3-0) en Ligue des champions... mais surtout au lendemain d'une interview de Griezmann, en campagne pour le Ballon d'Or, qui estime figurer à la même table que Messi et Ronaldo. «Les ignorants, ça ose tout», lâche Ramos, d'un ton paternaliste. «Quand j'entends parler ce garçon, je pense très fort aux Totti, Buffon, Maldini, Xavi, Raul ou Iker (Casillas), des joueurs qui ont tout gagné, qui ont une multitude de trophées chez eux, et aucun n'a de Ballon d'Or.» Et le capitaine du Real de renvoyer l'attaquant de l'Atlético à ses chères études : «Il devrait écouter les conseils du «Cholo» (Simeone), son entraîneur, ou de joueurs comme (Diego) Godin ou Koke qui ont des valeurs qui lui feraient du bien.» Un recadrage sans doute lié à la campagne que mène, en parallèle, le Real en faveur de l'attribution du Ballon d'Or à Luka Modric, vainqueur de la C1 puis finaliste du Mondial face aux Bleus (4-2). «Moi, je le donnerais à Modric, pour être honnête», a insisté Ramos lundi. Acte III : après la joute verbale, le duel Ce soir au stade Santiago- Bernabeu, le choc de la 7e journée de Liga promet un beau duel attaque-défense entre Griezmann et Ramos. Depuis l'arrivée du Français à l'Atlético en 2014, les derbies, jadis dominés par la «Maison blanche», se sont grandement rééquilibrés : 4 victoires du Real, 7 de l'Atlético et 7 nuls. «Griezmann est en train de grandir à chaque match. C'est un joueur déterminant», a prévenu son entraîneur Diego Simeone la semaine dernière. Quant à Ramos, il semble avoir pris encore plus d'importance au Real depuis le départ cet été de Ronaldo, frappant les penalties (en alternance avec Karim Benzema) et certains coups francs. «C'est un joueur important dans le vestiaire par ce qu'il transmet et par son sens des responsabilités», a souligné Julen Lopetegui, entraîneur d'un Real (2e, 13 pts) privé de Marcelo (mollet) et Isco (appendicite) pour ce derby. Après avoir sombré mercredi à Séville (3-0), le triple champion d'Europe en titre (2e, 13 pts) peut être dépassé par l'Atlético (11 pts) en cas de défaite aujourd'hui. Ramos parviendra-t-il à museler Griezmann ? Griezmann parviendra-t-il à faire taire Ramos ? Réponse ce soir dans le derby !