Tottenham peut-il résister au FC Barcelone de Lionel Messi ? Ce match à Londres sera une des principales attractions de la soirée de Ligue des champions aujourd'hui, tandis que Naples accueillera Liverpool. Messi a lancé sa saison européenne en fanfare il y a quinze jours avec un triplé contre le PSV Eindhoven (4-0). Tottenham aura donc fort à faire pour tenter de grappiller ses premiers points cette saison en C1, après sa défaite inaugurale contre l'Inter Milan (2-1). L'autre choc opposera Naples à Liverpool avec sur le papier un avantage au club anglais, impressionnant contre le PSG lors de la première journée (3-2). Pour Neymar et ses coéquipiers parisiens justement, il faut vite rebondir au Parc des Princes face à l'Etoile Rouge de Belgrade. «Ney» avait été particulièrement décevant à Liverpool et ses arabesques seront, comme d'habitude, au centre des attentions, tout comme les déboulés de Kylian Mbappé, le jeune champion du monde français. TOTTENHAM-BARCELONE Capitaine Messi en reconquête à Wembley Dans la tempête émergent les vrais capitaines ? Héritier du brassard barcelonais, Lionel Messi doit tenir la barre contre Tottenham aujourd'hui à Wembley en Ligue des champions, histoire d'effacer son naufrage au Mondial et trois matchs d'affilée sans victoire avec le Barça. Cap sur la C1 Eliminé dès les huitièmes du Mondial-2018 par la France (4- 3), l'Argentin aurait pu sombrer moralement, lui qui court depuis des années après un titre majeur en équipe nationale. Mais le finaliste du Mondial- 2014 et des Copas America 2015 et 2016 semble s'être aussitôt re-concentré sur la nouvelle saison du FC Barcelone, mettant entre parenthèses sa sélection. En Catalogne, le voilà honoré du brassard de capitaine, transmis par Andrés Iniesta qui a mis les voiles vers le Japon. C'est une petite révolution pour le mutique attaquant : lors de la présentation de l'effectif au Camp Nou début août, Messi a pris la parole en public! Et fixé un cap ambitieux : reconquérir la Ligue des champions, confisquée depuis trois ans par les grands rivaux du Real Madrid. «Nous allons faire tout notre possible pour que cette coupe si belle et si désirée revienne à nouveau au Camp Nou», a lancé Messi, qui en compte déjà quatre à son palmarès (2006, 2009, 2011, 2015). La presse catalane s'étonne que le quintuple Ballon d'Or, talent pur entouré d'une constellation de stars, n'ait pas davantage dominé la scène européenne ces dernières années. La faute à trois éliminations consécutives en quarts de finale de C1, dont une gifle contre l'AS Rome au printemps (4-1, 0-3). «Nous gardons au travers de la gorge la Ligue des champions», a prévenu la superstar, qui retrouve un terrain de connaissance à Wembley: il y avait marqué d'un tir puissant en finale de l'édition 2011 contre Manchester United (3-1). Figure de proue Sans les arabesques de Neymar depuis 2017, sans les passes magiques d'Iniesta depuis cet été, Messi reste à 31 ans la figure de proue du Barça et sa principale source de créativité: déjà huit buts et cinq passes décisives en neuf apparitions cette saison. Contre le PSV Eindhoven (4-0), lors de la première journée de C1, «la Puce» a d'ailleurs inscrit un triplé symbole de son appétit européen. «Il transforme quelque chose d'extraordinaire en une routine», a commenté son entraîneur Ernesto Valverde. La nouveauté, cette saison, c'est aussi de voir Messi extérioriser davantage son caractère sur le terrain, par exemple en venant davantage discuter avec les arbitres, parfois même avec véhémence. «Il n'a pas changé de manière excessive», a analysé Valverde. «Leo a toujours eu cette qualité de leader. C'est un cycle et pour Leo cela se passe de manière assez naturelle.» Ô Capitaine, mon capitaine Ce week-end, Valverde a néanmoins pris un risque en laissant Messi sur le banc au coup d'envoi contre l'Athletic Bilbao (1-1): son équipe a été très brouillonne et seule l'entrée du capitaine, passeur décisif, a permis d'arracher le nul. De quoi raviver à Barcelone le spectre de la «Messi-dépendance » après une rare série de trois matchs sans victoire, la première depuis deux ans, et d'inquiétants flottements défensifs. «Nous ne pouvons pas dépendre du fait que Messi vienne tout résoudre», a pesté Luis Suarez. Bref, la confiance des Catalans n'est pas au beau fixe avant de défier dans le très relevé groupe B de la C1 une équipe de Tottenham déjà dos au mur après sa défaite initiale contre l'Inter Milan (2-1). «Si on gagne, très bien, si on perd, très mal. Nous le savons, si nous battons Tottenham, nous ferons un grand pas» vers la qualification, a rappelé Valverde. Et Messi en est également conscient: «On doit faire beaucoup mieux mais avec tranquillité, tout cela ne fait que commencer », a dédramatisé l'Argentin dans une nouvelle prise de parole samedi. Rassurant pour son équipage, comme un vrai capitaine. PARIS SG Neymar, enfin lancé ? Il avait raté son début de Ligue des champions et semblé en-dedans: la star brésilienne Neymar est monté en puissance avant d'affronter l'Etoile rouge de Belgrade aujourd'hui, pour le plus grand plaisir du Paris SG qui a besoin d'une «MCN» au top pour briller en Europe. Après la déroute à Liverpool (défaite 3-2), les critiques ont plu de toute l'Europe sur ce PSG pas impliqué et en souffrance sur chaque offensive des Reds. Particulièrement ciblée, la fameuse «MCN», la triplette d'attaque la plus chère du monde (222 M EUR pour Neymar, 180 M EUR pour Kylian Mbappé, 64 M EUR pour Edinson Cavani), a failli offensivement et surtout défensivement. «Nous avons vu cela aussi, leur présence nous a manqué dans ce match», a rouspété l'entraîneur Thomas Tuchel lorsqu'il a été interrogé sur le faible rendement du trio d'attaque. «C'est une question très difficile, tu peux peut-être la poser aux joueurs car je ne peux pas l'expliquer». «L'homme à abattre» Les plus ciblés ont été donc Mbappé, auteur de la perte de balle qui a permis à Liverpool d'éviter un hold-up parisien en fin de match, et surtout Neymar, très peu impliqué dans le repli défensif et en difficulté dans les 1 contre 1, son point fort habituellement. «Il ne faut pas oublier que maintenant, c'est l'homme à abattre, ce n'est pas toujours évident pour lui de faire la différence », l'a défendu dans la foulée du match le défenseur belge Thomas Meunier. Ce n'est toutefois pas la seule explication à un début de saison paradoxal pour le Brésilien... Qui totalise tout de même 7 buts et 3 passes en 6 matchs cette saison (en Ligue 1). Il y a notamment eu ce retour un peu précipité à la compétition, après sa blessure à un pied fin février contre l'OM, pour disputer une Coupe du monde qui semblait promise au Brésil, mais dont il a été éliminé dès les quarts de finale par la Belgique. Frustrant. Sa propension à se rouler par terre à chaque contact lui a aussi valu les moqueries du monde entier. «Il n'était pas à 100% lors de la Coupe du monde et a essayé de prendre ses responsabilités pour son pays», l'avait défendu l'entraîneur de Liverpool Jürgen Klopp avant son retour en Ligue des champions. «Il était encore blessé et devait donc se préserver un peu, ce n'est pas quelqu'un qui veut simuler parce que si tu es comme ça, tu ne peux pas jouer au foot». «Deviens un homme» La star de 26 ans a en tout cas été tancée par son ami Dani Alves, qui lui a conseillé dans les médias brésiliens UOL et Globo : «Tu laisses le côté gamin et tu deviens un homme. (...) Si tout le monde te dit la même chose, c'est que quelque chose ne va pas. C'est donc le moment de se réinventer». Se réinventer ? Cela passe notamment par une bonne saison en club, surtout en Ligue des champions où les performances du PSG sont scrutées à la loupe. Thomas Tuchel a repositionné son «leader» en n°10, dans l'axe du jeu, où il se montre jusqu'à présent plus collectif que l'année précédente. Mais face à Liverpool, il évoluait sur le côté gauche. Plutôt sceptique sur son entraîneur de la saison dernière, Unai Emery, Neymar a assuré avoir cette saison une «bonne relation» avec Tuchel. «C'est un entraîneur jeune, on aime bien sa façon de jouer et d'entraîner», avait dit «Ney» de Tuchel après la victoire à Rennes, sa façon de parler avec les joueurs et on espère qu'avec son travail, on pourra réussir une grande saison ». Jusqu'à présent, le PSG a remporté tous ses matchs en France, que Neymar joue ou pas, qu'il soit performant ou pas. En Ligue des champions en revanche, «la compétition la plus importante pour nous» dixit le capitaine Thiago Silva, le club de la capitale version Tuchel n'a pas encore montré son meilleur visage. Et pour ce faire, il aura évidemment besoin d'un Neymar de retour à son meilleur niveau.