Niko Kovac, qui a succédé cet été au vieux sorcier Jupp Heynckes à la tête du Bayern Munich, est-il l'homme de la situation ? Après quatre matchs sans victoire dont une humiliation 3-0 à domicile samedi contre Mönchengladbach, son banc d'entraîneur menace déjà de se transformer en siège éjectable. «Kovac dans la tourmente», titrait dans la nuit l'hebdomadaire Stern sur son site internet. «Un entraîneur du Bayern qui vacille après seulement onze matches. Après les six derniers titres de champion consécutifs, cela semblait impensable. Mais c'est exactement ce qui arrive à Niko Kovac», constate pour sa part le grand quotidien populaire Bild, dans son édition en ligne de dimanche. Le champion en titre a plongé à la cinquième place du classement, à quatre points du leader Dortmund, et il faut remonter à 2009 pour retrouver une série de quatre matches consécutifs sans victoire avant la trêve hivernale. En salle de presse samedi soir, Kovac a évidemment été interrogé sur son avenir : «Je connais les mécanismes du football, de la Bundesliga et du Bayern», a répondu le Croate de 46 ans, qui n'a pas cherché à faire illusion : «Et je sais que le temps n'est pas le même au Bayern qu'ailleurs». «Désarroi à tous les étages» Vendredi, il avait déjà dû procéder à un exercice de déminage après de premières révélations dans la presse sur une grogne dans le vestiaire. Certaines stars, dont le Colombien James, n'apprécieraient pas sa politique de rotation et trouveraient ses entraînements trop mous. «L'ambiance dans le vestiaire est positive, il est faux de dire que ça bouillonne», avait-il affirmé, ajoutant qu'il n'était ni «désemparé» ni «lâché par ses joueurs». C'était avant la débâcle contre M'Gladbach. Samedi soir, les patrons du Bayern Uli Hoeness et Karl- Heinz Rummenigge ont quitté le stade sans mot dire. Les deux hommes, qui avaient limogé Carlo Ancelotti en une nuit l'automne dernier après une défaite 3-0 à Paris en Ligue des champions, n'ont pas eu une parole pour soutenir leur entraîneur. Ni pour le critiquer. Et même s'ils constataient dans les semaines à venir que la greffe Kovac n'a pas pris, quelle serait l'alternative? A cette période de l'année, trouver un coach de calibre international sur le marché est une tâche difficile, voire impossible. «Le désarroi règne à tous les étages», commente dimanche Kicker, le magazine du football allemand. Trois matchs pièges La série noire est d'autant plus inquiétante qu'elle est survenue contre Augsbourg (1-1), Berlin (0-2), l'Ajax Amsterdam (1-1) et Mönchengladbach (0- 3), des équipes en théorie à la portée du Bayern, dont l'effectif de stars est taillé pour jouer la gagne en Ligue des champions. Au-delà des résultats, que reproche-t-on à l'équipe ? Joshua Kimmich, le latéral droit, a une vision assez juste : «La défense n'est pas notre problème majeur, dit-il. Contre M'Gladbach nous nous sommes créés quasiment aucune occasion. Ce n'est pas que nous ne les mettons pas au fond, c'est que nous n'en avons pas ! Normalement, nous, le Bayern Munich, devrions toujours marquer deux ou trois buts». «C'est maintenant mon travail de changer tout cela», a admis Kovac, «et je vais m'y atteler pendant et après la pause des matches internationaux. C'est évidemment dommage que beaucoup de joueurs partent dès ce dimanche rejoindre leur équipe nationale. Mais ça peut avoir un effet positif, ça peut leur changer les idées». Ensuite, le coach jouera sa tête d'ici à fin octobre. Le hasard du calendrier propose trois déplacements consécutifs, les 20 et 27 à Wolfsburg et Mayence, et le 23 à Athènes contre l'AEK en Ligue des champions. Trois matches pièges. On voit mal en effet comment Kovac survivrait à de mauvais résultats contre des adversaires aussi modestes.