Moncef Bouderba, président de l'Association des céramistes algériens ACA) a fait part des menaces considérables qui pèsent sur l'industrie de la céramique par des considérations liées au blocage d'importation des intrants utilisés dans cette industrie. Suite à la décision prise en janvier dernier, une trentaine d'entreprises spécialisées dans la fabrication de carreaux de faïence avait risqué de voir ses activités totalement bloquées et quelque 27 000 salariés ont été menacés de perdre leurs emplois, selon M. Moncef Bouderba qui s'est exprimé sur cette situation à l'occasion de son passage sur les ondes de la radio Chaîne 3, dans l'émission «L'invité de la rédaction». Les deux intrants en question sont la frite et l'engobe qu'aucun producteur national n'est en mesure de fournir ni en qualité ni en quantité à l'heure actuelle. La facture d'importation de tous les fabricants de céramique algériens de ces intrants pour l'année 2017 n'a pas excédé les 34 millions d'euros. L'intervenant a expliqué par ailleurs que des discussions qualifiées de « très difficiles » ont été entreprises avec le ministère du Commerce se soldant par un apaisement du climat. Ainsi, l'activité a été relancée et «qu'en plus d'une augmentation substantielle de production annuelle, parvenue aujourd'hui à quelque 150 millions de mètres carrés, le secteur de la céramique en Algérie est désormais parvenu à un niveau d'intégration de 95%», a-t-il indiqué insistant sur le fait que 5% seulement des produits utilisés sont importés pour un montant global de 35 millions d'euros. Tout en précisant que «la céramique algérienne est un produit qui pourrait rivaliser avec la céramique italienne», le président de l'Association des céramistes algériens explique, en ce qui concerne la production des matières premières : «Ce n'est pas un produit fini que nous importons». Parlant d'investissement, «il faut que le secteur soit apaisé d'abord, il faut stabiliser les choses pour pouvoir produire des matières premières», selon le président de l'Association des céramistes algériens qui ajoute «plus nous aurons des investissements, plus on aura des produits suffisants sur le marché», soulignant au passage que «l'Algérie a beaucoup avancé dans ce domaine, nous sommes passés de deux à cinquante usines en vingt ans». Mais cette embellie a encore sombré selon le président de l' ACA en raison de l'arrivée à terme des licences d'importation de ces produits, dont 80% des unités de production ont déjà consommé la presque totalité et que les pouvoirs publics laissent entendre qu'elles risquent de ne pas être reconduites. Il est à rappeler qu'avant la limitation de leur importation, les céramiques étrangères nécessitaient une enveloppe de 70 millions d'euros/an. «Nous ne comprenons pas, que face à une telle somme, le ministère de Commerce en arrive encore à considérer que les 35 millions d'euros libérés pour les importations d'intrants représentent une ‘'grosse facture''», précise M. Moncef Bouderba qui ajoute : «Là encore, il y a à nouveau un problème.» Ilhem Tir