L'importance du développement du savoir-faire scientifique est la priorité pour assurer la réussite de la stratégie gouvernementale en matière de transition énergétique, a insisté le directeur général du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), M. Noureddine Yassa, qui était hier l'invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la radio. Nedjma Merabet - Alger (Le Soir) - Depuis les déclarations de 2015, et la mise en place d'une stratégie claire en 2016, beaucoup de progrès ont été réalisés, notamment la création d'une vingtaine de centrales ; l'implication en force du ministère de l'Intérieur, qui a procédé à la solarisation de nombreuses écoles, la mise en place d'éclairage public solaire dans plusieurs communes du pays etc. En parallèle, la Sonatrach a mis au point sa propre stratégie (SH 20-30) de développement des énergies renouvelables : un programme de réalisation de 1 320 MW en énergie solaire à l'horizon 2030, un partenariat est lancé avec Enie, l'entreprise italienne, qui inaugurera bientôt une centrale de 10 MW au niveau du champ pétrolier de Berkine, ainsi que la signature avec Total pour la création d'une centrale de 20 MW. Il faut souligner qu'il s'agit là d'assurer la consommation propre du géant pétrolier, en vue de dégager un volume d'environ 1 milliard de mètres cubes par an, qui seront réservés du coup à l'exportation. Il y a aussi la vision stratégique de l'Algérie dans la diversification des ressources énergétiques. Alléger le poids sur le gaz naturel dans le solaire et pourquoi pas l'éolien et la géothermie. Le CDER a recensé à ce propos environ 250 sources d'énergies géothermiques, dont celle de Guelma qui peut dépasser les 100°c. La stratégie gouvernementale mise en place dans ce domaine, outre la nécessité d'honorer nos engagements vis-à-vis de l'accord de Paris (COP 21), vise principalement à assurer durablement l'indépendance et la couverture énergétique du pays (99% éléctricité, et 62% pour le gaz naturel). Des acquis basés essentiellement sur la consommation et la transformation du gaz en électricité. Concernant la fonte de l'appel d'offre, passé de 4 000 MW à 150 seulement, l'invité explique que la cause principale se situe au niveau des carences en savoir-faire et maîtrise des technologies, ainsi que du fait de la configuration du tissu industriel national. C'est pourquoi depuis, plusieurs universités et centres de recherche ont déployé des efforts pour la mise en place de formations de techniciens en installations de panneaux photovoltaïques, dans l'étude des spécificités climatiques du pays, l'hybridation (énergie solaire/éolienne…), voire même dans l'étude sociologique de l'attitude de la population face à l'énergie solaire. A ce propos, M. Yassa préconise la mise en place rapide d'un cadre législatif qui permet au citoyen consommateur d'énergie de devenir un producteur et de pouvoir vendre ce qu'on appelle le solaire résidentiel et tertiaire. C'est dans ce sillage qu'il encourage les jeunes entrepreneurs à s'engager dans la création de start-up qui active et dans l'énergie renouvelable. Par ailleurs, il rappelle l'importance de ne pas oublier le potentiel énergétique des déchets, source de production de gaz bio, de méthane etc. Et ce, dans le cadre du développement de « l'intersectorialité », censée créer la synergie entre les divers secteurs économiques et académiques pour une vraie explosion de cette industrie. Après tout, pour l'année 2017, l'énergie renouvelable a créé à l'échelle mondiale autour de 10 millions d'emplois directs ou indirects. N. M.