Pour la 8e année consécutive, le service de pneumologie, relevant de l'établissement hospitalo-universitaire d'Oran, a organisé le congrès international de pneumologie, qui a eu lieu ce jeudi en présence de plus de 400 spécialistes et experts émanant de différents centres hospitaliers du pays et des experts étrangers de France et de Tunisie. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Plusieurs thèmes liés aux maladies pulmonaires, telles que l'asthme, l'allergie, la bronchopneumopathie chronique obstructive dite la BPCO ainsi que la pathologie respiratoire professionnelle, étaient au centre des débats. Pour le professeur Mansouri, ces journées sur la pneumologie constituent une pérennité dans le cadre de la formation continue en pneumologie. «Les thématiques d'aujourd'hui tiennent compte des problèmes de santé publique tels que le cancer du poumon, la bronchopneumopathie et l'allergie qui constituent aujourd'hui un sérieux problème auprès de la population.» Il rappellera que face au cancer du poumon, l'EHU dispose d'une unité de sevrage du tabac et il annoncera par la même occasion l'ouverture d'une unité de soins palliatifs et de soutien pour les malades atteints de maladies graves telles que les cancers, pour les accompagner et les aider à lutter contre la douleur. L'unité en question est constituée d'un certain nombre de spécialités : oncologie, médecine interne, réanimation, ainsi qu'une équipe qui intervient pour accompagner les malades atteints du cancer en phase très avancée ou bien ceux atteints de maladies chroniques en phase très avancée. Le professeur fait savoir que le cancer du poumon constitue aujourd'hui pratiquement 60% des malades hospitalisés en pneumologie, en plus des bronchopneumopathies qui sont liés au tabagisme. Présent durant ce congrès, le professeur Escamilla, pneumologue au CHU de Toulouse (France), est spécialisé dans les maladies qui intéressent beaucoup le Maghreb, dit-il, c'est-à-dire les maladies des bronches. Des maladies qui sont «appelées à se développer en raison du tabagisme contre lequel il faudra lutter ici en Algérie de manière plus intense». Pour le professeur, l'Algérie fait beaucoup d'efforts dans le traitement des maladies bronchiques, parce que, dit-il «vous en avez beaucoup et vous en prenez beaucoup en charge, et évidemment quand on pratique avec une population nombreuse, on ne fait que progresser». Pour ce pneumologue français, le problème qu'il y a avec les maladies bronchiques, partout ailleurs, c'est qu'elles ne sont pas prises au sérieux. «Souvent par le patient mais aussi souvent par le médecin. Par exemple si vous avez une maladie du cœur, le cœur fait peur et vous allez voir le médecin. Toutes les grandes études montrent que tant qu'il y a de nouveaux médicaments, il y a 40% de patients qui continuent de fumer.» Pour le professeur Escamilla, les conséquences sont très graves du fait que cette maladie touche les bronches. «Tout le monde s'imagine un jour finir avec de l'oxygène mais c'est une maladie qui fait le lit des cancers et c'est une maladie associée à des tas d'autres problèmes en particulier cardiaques.» Il estime que c'est une maladie qu'il faut prendre en charge, les progrès existent, certes, dit-il, mais il y a un problème d'accès à des médicaments dont le patient ne va pas percevoir le bénéfice immédiatement et ce sont, ajoute-t-il, des médicaments qui coûtent relativement cher. Il y a, dit-il, certains médicaments auxquels même en France, l'accès est limité car le coût est important au vu du nombre de patients impliqués. Après avoir présenté une communication très concise sur les différentes causes d'allergie et les risques que cela peut avoir sur la santé d'un malade, surtout celui qui s'apprête à se faire opérer, le professeur pneumologue Habib Douagui, dira qu'«il y a quelque chose d'essentiel pour nous et qui n'est malheureusement pas faite, c'est l'importance de la visite anesthésique. Dans tout pays développé, la visite anesthésique est obligatoire mais elle ne l'est pas dans notre pays et ça c'est un problème». D'autre part, dira l'intervenant, en Algérie nous n'avons pas à travers tout le territoire national des anesthésistes, il y a des régions où il n'y en a pas et ça peut causer des problèmes, s'inquiète-t-il. L'autre élément qui préoccupe M. Douagui, il préfère l'exprimer ainsi : «Je supplie les chirurgiens et les réanimateurs d'envoyer la feuille de surveillance préopératoire. Elle est fondamentale pour nous pour identifier les allergies.» Enfin, profitant de la présence du représentant du ministre de la santé, il lui fera part de l'urgence de se doter de cinq blocs opératoires pour les malades qui ont une allergie au latex. En plus des communications, le congrès a vu la tenue d'ateliers de formation portant sur les tests allergologiques cutanés, la lecture et l'analyse des examens d'imagerie médicale, notamment le scanner dans la BPCO, et sur la réhabilitation pulmonaire. A. B.