C'est enfin chose faite, depuis ce jeudi, le berceau de la clémentine accueille le premier salon dédié à cet agrume tant apprécié. Une vingtaine d'agriculteurs, producteurs d'agrumes, centres de formation en agriculture et instituts techniques ont pris part à cet évènement. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Organisé par la Chambre d'agriculture d'Oran, le salon consiste en une exposition de production de différents types d'orange et de citron, mais surtout une «exposition» de soucis où se débattent les agrumiculteurs. Ces derniers nous confient attendre toujours que les pouvoirs publics les appuient financièrement et les aident à développer leur travail qui est loin d'être facile, s'agissant de l'orange, et de la clémentine en particulier dont ils tentent de perpétuer la production, en pérennisant son goût né justement sur les hauteurs de Misserghine qui obtint son appellation clémentine en 1902. Un nom qu'elle doit au Père Clément qui était directeur de culture de l'orphelinat de Misserghine. Selon l'histoire qui se raconte à Misserghine, Père Clément a découvert un arbre étrange, qui résulterait d'une greffe de mandarinier sur un bigaradier. A l'époque, c'est tout naturellement que ce fruit prit le nom de celui qui l'a découvert et sera ainsi connu sous l'appellation «clémentine». Pour revenir aux préoccupations des agrumiculteurs, qui continuent malgré les difficultés à cultiver la clémentine, cela n'empêche pas l'arrivée de nouveaux venus, des jeunes, des femmes comme notre interlocutrice, qui s'intéressent à la culture de l'orange. C'est muni de son diplôme de pépinière obtenu en 2016, que Mme Ferzali Badya s'est lancée dans la culture de la clémentine. «Je suis au tout début de mon projet. On essaye de recréer la clémentine de Misserghine. Ici, vous ne trouverez que de la clémentine de premier choix». Pour elle, à travers un tel salon, les agrumiculteurs espèrent voir consacrée une journée nationale de la Clémentine. C'est avec fierté que la jeune femme nous révèle préserver près de 10 arbres fruitiers produisant la clémentine, le plus vieil arbre qu'elle possède et qui se meurt dit-elle est âgé d'un siècle et 19 ans. Ce qui l'attriste, car, explique-t-elle «il s'agit d'un porte-greffe bigaradier, qui donne meilleur goût à la clémentine». Pour l'heure, nous confie cette agrumicultrice, elle n'a obtenu aucune subvention de la part de la chambre de l'agriculture, et confie qu'elle et ses semblables diplômés ont fait une proposition à ladite direction afin de leur procurer des serres pour qu'ils puissent perpétuer la clémentine. «A ce jour on attend, ils disent étudier notre demande». Très apprécié par les stagiaires qui ont suivi des formations pour obtenir leur diplôme de pépiniériste et qui l'ont eu comme formateur, tous ceux présents nous orientent vers celui qui leur a donner l'envie de continuer dans cette voie. «Le médecin des arbres», nous dira l'une de ses anciennes stagiaires présente à ce premier salon dédié à la clémentine. Il s'agit de M. El Hadj Ali Bachir, ingénieur et ancien formateur au CFPA de Misserghine. Il nous dira que cette rencontre est bénéfique car dit-il «Misserguine est le berceau de la clémentine, et nous ici nous avons toujours voulu préserver et perpétuer cet agrume surtout dans cette région. Car ici la région est connue par son porte-greffe bigaradier, qui est «l'enfant» du pays. C'est celui qui a le plus de résistance contre les maladies et contre l'insuffisance de l'eau». Il espère que les agriculteurs de la région puissent préserver davantage ce porte-greffe. Toutefois, il explique que dans le cadre de la formation dédiée à l'agrumiculture, des essais ont été réalisés en obtenant d'autres espèces de porte-greffe telles que la volkameriana, ou la trifoliata mais ça n'a pas marché comme le bigaradier. Il insiste sur le fait que les pouvoirs publics devraient rebooster davantage le secteur en appuyant les agrumiculteurs pour élargir l'extension des surfaces de la clémentine. «Vous vous rendez compte que dans la wilaya d'Oran on ne trouve que 250 hectares qui lui sont consacrés, alors qu'il y a dix ans la superficie était de 600/700 hectares !?» En réponse aux différentes préoccupations des agrumiculteurs présents ce jour-là, Miloud Chérifi, wali d'Oran, nous dira qu'il s'agit là à travers cette journée d'un signe fort des pouvoirs publics pour apporter aide et soutien à ces agriculteurs. «On s'est engagé aujourd'hui à mettre les financements nécessaires pour encourager et accompagner les agriculteurs pour les campagnes de renouvellement de réhabilitation de la variété». Une autre décision prise ce jeudi, l'organisation d'une journée d'étude et de vulgarisation qui sera consacrée à cette variété. Les experts seront mis à contribution pour étudier les meilleures pistes et voies de développement de la clémentine et encourager son exportation à l'étranger. Une exportation qui nécessitera de passer par l'étape de sa labélisation. Aussi et dans le cadre de la valorisation des produits agricoles, une proposition de labélisation de la «Clémentine-Misserguine» sera soumise prochainement au ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, a-t-on appris durant cette journée. A. B.