Il y a bien sûr les statistiques: quatre buts et trois passes décisives en trois matchs. Mais il y a aussi la manière, un Paul Pogba concerné, juste techniquement et avec une joie de jouer retrouvée depuis qu'Ole Gunnar Solskjaer est sur le banc mancunien. «C'est une autre manière de jouer. Nous sommes plus offensifs et nous nous créons plus d'opportunités. C'est comme cela que nous voulons jouer». Le message de Pogba est limpide dimanche, juste après la troisième victoire de Manchester United en autant de rencontres depuis l'éviction de José Mourinho. Exit le jeu défensif du Mou, place à l'attaque. Résultat, douze buts pour trois encaissés et un Pogba libéré, qui a offert à Old Trafford un troisième succès d'affilée, la meilleure série de la saison pour ManU. «Si j'étais entraîneur de Manchester United, je construirais l'équipe autour de lui, sans aucun doute», avait déclaré en août Ole Gunnar Solskjaer. C'est chose faite. Après deux passes décisives contre Cardiff puis deux buts contre Huddersfield, le milieu a confirmé sa mue contre Bournemouth (victoire 4-1) avec deux buts et une offrande, célébrés avec son «dab» du jour. «Il a tout fait» Repositionné en numéro 10, pièce maîtresse du 4-2-3-1 à la sauce norvégienne, Pogba se projette pour créer le danger. Dimanche, il reprend d'abord d'un tacle rageur un centre après un festival de Rashford côté droit. Il remonte ensuite le terrain à grandes enjambées, saute plus haut que tout le monde et coupe un nouveau centre de la tête: 2-0. Pogba, qui portait un bracelet affichant «NO», en soutien à Kalidou Koulibaly - le joueur de Naples victime de racisme la semaine dernière, offre enfin, d'une passe millimétrée, le 4-1 à Romelu Lukaku. «C'est une performance de premier niveau pour un milieu de terrain parce qu'il a tout fait : taux de travail, danger devant les buts et maîtrise de soi. Tout est fait de passes, de touches (de balle) et de mouvement», a félicité Solskjaer. «C'était un match efficace et Paul sait qu'il se trouve à son meilleur niveau lorsqu'il dispute un match efficace», a ajouté le technicien norvégien, qui le connaît bien pour l'avoir dirigé dans les équipes de jeunes des Red Devils. Le PSG dans le viseur Des matchs efficaces, Pogba en a gagnés cet été en Russie avec la France. De retour en Angleterre, le champion du monde a d'abord semblé surfer sur la deuxième étoile. Mais après un match nul face à Wolverhampton (1-1), Pogba critique le style de jeu trop défensif de Mourinho. Pour lui, MU doit jouer «pour attaquer». Le Portugais lui retire le rôle de vice-capitaine puis le laisse ensuite régulièrement sur le banc ou en tribunes. La presse britannique s'interroge : qui des deux partira en premier. La direction mancunienne a tranché, le «Special One» ne passe pas l'hiver. Et pour se rassurer, elle prend un ancien de la maison. Le «Super Sub», auteur du but victorieux contre le Bayern Munich en finale de la Ligue des champions 1999. «Nous sommes à Manchester United et nous devons être au sommet», a rappelé dimanche Pogba. Pour les sommets anglais, il faudra sans doute attendre, avec le leader Liverpool déjà à 19 points. La quatrième place, dernière qualificative pour la C1 et occupée par Chelsea, est plus accessible à neuf longueurs. Mais en 2019, les yeux des Red Devils seront surtout rivés vers la France et le Paris SG, futur adversaire en 8e de finale de Ligue des champions. Mbappé, Neymar et Cavani n'en doutaient pas, mais c'est confirmé : il faudra bien se méfier de MU et de Paul Pogba. Sinon, il dabera.