Beaucoup de monde, des jeunes et des moins jeunes, était samedi dernier à Espace-Magh, à Bruxelles, pour écouter, chanter et danser avec Amazigh Kateb. L'artiste ne se prend pas pour autant la tête. Il reste remuant, sincère, communicatif et entier. Amazigh Kateb ne fait pas les choses à moitié. Ce n'est pas un partisan du verre à moitié vide ou à moitié plein — pas même celui de la bière qu'il s'arrange pour déguster en plein spectacle. A Bruxelles, il y est allé à fond. Sans retenue. Le public — son public et d'autres venus pour découvrir — a aimé et à chaque fois il en redemandait. A l'aise, A. Yacine ne refusait rien ou presque rien aux fans. Beaucoup d'entre eux connaissaient par cœur le contenu de ses tubes. En français, en anglais, en arabe dans toutes ses variantes et en tamazight (kabyle, chaoui, gnaoui et autre) et dans toutes les langues de la musique — des musiques — qu'il travaille, Kateb ne se refuse rien et ne boude pas son plaisir qui est celui du public. Shock El Hal, générique annoncé du spectacle, visite et s'intéresse à l'essentiel en art, l'émotion et la maîtrise. Les textes sont écrits et ciselés par Amazigh et c'est loin d'être du bricolage. Il y a de la profondeur, du vrai beau et la parole n'évacue pas les drames vécus partout dans le grand pays musical qui est le sien. Ni les harragas d'Algérie, ni le militant des droits marocain assassiné en France, ni l'infinie tragédie de la «zetla» qui décapite les jeunes au profit des grands trafiquants, richissimes et à l'abri. Amazigh Kateb ne fuit pas son temps et n'esquive pas. Il ne produit pas uniquement pour passer le temps. Paradoxalement, avec lui le temps passe vite. Gnawa, reggae, raï, chaâbi, rock tout y était samedi à Espace Magh. Le guembri entre les doigts, la poésie accompagnant la musique et la sincérité sur scène, Espace Magh a passé d'agréables moments avec Shock El Hal Tour. A. M.