«Mon futur n'est pas un problème» : moins de cinq heures après ses déclarations jeudi en conférence d'avant-match à Dijon, Thierry Henry a donc été mis à l'écart par la direction monégasque, accréditant erreur de casting et navigation à vue. Lorsqu'il s'est présenté en conférence de presse jeudi après-midi, avec près d'une heure de retard sur l'horaire prévu, Thierry Henry ne savait pas encore que sa direction avait décidé de le suspendre de ses fonctions d'entraîneur. Avant d'être convoqué au stade Louis-II par Vadim Vasilyev, après son dernier entraînement, Henry avait d'ailleurs déjà tout préparé pour le déplacement à Dijon en Ligue 1, puis à Guingamp en Coupe de la Ligue, notamment son groupe de joueurs. En effet, Vasilyev avait imposé l'idée de ne pas revenir à Monaco entre les deux matchs, afin de créer un esprit commando. Henry y avait souscrit, sans que l'information ne soit divulguée aux médias. Mais ce sera Franck Passi qui mènera ce commando. Convocation après l'entraînement Car lors de sa convocation, Henry s'est donc vu écarté. Une monumentale claque pour le meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France ! L'aveu d'une direction aux abois aussi. Trois mois et demi après l'annonce de sa signature en grande pompe au Yacht Club de Monaco, c'est la débandade ! A ce moment-là d'octobre, Monaco venait de remercier Leonardo Jardim, qui avait pris un chèque de 8,5 millions d'euros. Mais Vasilyev était sûr de lui. Il ne tarissait pas d'éloge sur les idées et la connaissance du football de son futur entraîneur. Vingt matchs (4 victoires, 5 nuls, dont une qualification aux tirs au but, et 11 défaites) plus tard, c'est une autre histoire. Monaco est sportivement en déconfiture et Henry n'a jamais su mettre le costume, même s'il aime profondément le club. Au-delà de s'enfermer dans des principes de jeu élitistes presque dogmatiques (3-5-2 avec des latéraux très haut, l'obligation d'une relance courte au sol, etc.) sans aucun résultat, ni même contenu intéressant, sa communication a été exécrable. Entre ses recadrages étranges hors terrain (avec Badiashile, par exemple) ou sur le terrain, ses déclarations sur la situation du club à son arrivée («Je suis arrivé, le club était dans un état... J'ai essayé de mettre beaucoup de choses sur pied que vous n'avez pas vues», a-t-il encore dit jeudi en conférence de presse), ses revendications sur l'effectif («J'attends un attaquant», a-t-il dit ce jeudi après les arrivées de Fabregas, Naldo, Ballo-Touré et Vainqueur), Henry, peu diplomate, s'est souvent trompé. Jusqu'à se mettre à dos sa direction. Le milliardaire Dmitry Rybolovlev en businessman averti a donc arrêté les frais. Même si cela doit lui coûter 8 autres millions d'euros, car il restait deux ans et demi de contrat à Henry, à un salaire estimé à 3,2 millions d'euros annuels. Rybolovlev s'est trompé Lors de ses vœux avant Monaco-Nice (1-1), le 16 janvier, le Russe reconnaissait : «Des erreurs sportives ont été commises mais nous avons commencé à renforcer l'équipe». Il a aussi mis en relief les 335 millions d'euros investis depuis son arrivée. La parenthèse Henry (même s'il n'est «que» suspendu actuellement), désormais cataloguée comme la plus grosse erreur de casting et de timing de Rybolovlev, va donc lui coûter beaucoup d'argent. Mais surtout, elle fait très mal à l'image de son club à un moment où lui aussi est en très grande difficulté en Principauté, où il a été inculpé pour «complicité d'atteinte au droit au respect à la vie privée» en 2017, puis de «trafic d'influence actif» et de «corruption active» en 2018, dans le cadre de son bras de fer judiciaire hors football, qui l'oppose à Yves Bouvier, un intermédiaire et marchand d'art suisse qu'il accuse de l'avoir escroqué. Désormais, Passi aura la lourde tâche de mener l'équipe à Dijon puis à Guingamp. Mais l'ex-n°2 de Henry ne devrait être qu'un intérimaire. Monaco est donc en chasse d'un nouvel entraîneur. Il y en a un qui connaît très bien le club et qui réside toujours en Principauté: Leonardo Jardim...