Bonne humeur, joueurs libérés, des buts... Ole Gunnar Solskjaer a tout transformé: depuis le départ de José Mourinho et l'arrivée du Norvégien mi-décembre, Manchester United utilise les recettes du passé et se fait enfin réjouissant à l'heure d'affronter le Paris SG en Ligue des champions. Onze matchs, dix victoires et un nul : les nouveaux «Red Devils» sont en forme. En championnat, les voilà même revenus à deux points de la quatrième place, jusque-là confortablement occupée par Chelsea. Mais comment l'ancien «Super Sub» de Sir Alex Ferguson a-t-il fait ? Y'a d'la joie Partout dans le club, le sourire est revenu. Les supporters vont à Old Trafford pour voir des buts, les joueurs pour en marquer et aucun employé du club n'a plus à craindre de subir les foudres d'un Mourinho devenu franchement sombre lors de ses derniers mois en poste. Côté pelouse, le Portugais avait pris l'habitude de s'en prendre publiquement à ses joueurs. Pogba, Martial, Shaw, Jones, Smalling, Rashford, etc. La liste est longue des vilipendés en public. Ces critiques, répétées et parfois perçues comme injustes, avaient fini par briser le vestiaire, entre pro (Lukaku, Matic, Fellaini) et anti-Mourinho (Pogba, Martial notamment). Solskjaer a pris le contrepied. Des félicitations, des encouragements, bref de la bonne humeur. Le Scandinave a levé le voile obscur dans les esprits et sur le terrain. Son objectif: que les joueurs redeviennent «ces gamins qui aimaient le football». Bien loin des considérations du Portugais et bien plus proche de la ligne de son mentor Alex Ferguson. «Sous Mourinho, les joueurs d'United semblaient avoir peur de faire des erreurs et de perdre leur place. Leur football était trop prudent et facile à contrer», résumait le Manchester Evening News fin décembre, avant de pointer que désormais, «Manchester United ressemble à ce à quoi il devrait ressembler». «Solskjaer et (son assistant) Mike Phelan ont ramené le Manchester United +old school+, savoure Jesse Lingard. Solskjaer réussit très bien, personne ne peut le mettre en défaut. Les joueurs l'ont tout de suite soutenu. Il nous a dit de (...) jouer comme une vraie équipe d'United.» Pogba revit L'ancien entraîneur de Molde ne s'est pas contenté d'instaurer une ambiance rassurante. Il a aussi installé sa tactique. Finis les fréquents changements de joueurs et de formations, Solskjaer a conservé la même formule. D'abord, une défense à quatre avec des latéraux encouragés à aller vers l'avant. Ensuite, Nemanja Matic et Ander Herrera ont été reculés pour agir en vrais milieux défensifs, libérant Pogba dans un rôle de meneur de jeu, en soutien de ses attaquants. Devant, Marcus Rashford est désormais l'avant-centre et ses ailiers Martial et Lingard tentent davantage, sans craindre la contre-attaque. Là encore, un schéma qui colle parfaitement à l'approche traditionnellement offensive du club. Et puis, il a les joueurs. A commencer par Pogba et Rasford. Avant même d'arriver sur le banc des «Red Devils», Solskjaer avait expliqué que s'il avait un jour un joueur comme Pogba, il construirait l'équipe autour de lui. C'est ce qu'il a fait. Le Français, débarrassé de sa relation toxique avec Mourinho, revit. Avec six buts et cinq passes décisives sous Solskjaer, il est redevenu la menace offensive que le public attendait. Mieux, «la Pioche» en a terminé avec son jeu individualiste, il est désormais au service de l'équipe et de son animation offensive. Possession «Nous avons plus de possession du ballon. Nous savons mieux où attaquer et où aller. Nous avons plus un modèle de jeu et sommes plus structurés. C'est plus facile pour tout le monde», a savouré le champion du monde le mois dernier. Quant à Rashford, force est de constater que le bonheur n'était pas à l'aile. Installé en n°9, le natif de Manchester est devenu indéboulonnable, marquant six buts lors des huit dernières journées. Pas mal pour un joueur dont Mourinho doutait des talents de finisseur. Mais si le public a été ébloui par le retour au top des deux vedettes, Solskjaer a aussi relancé Ander Herrera et Victor Lindelöf, deux joueurs à la marge sous Mourinho. Le milieu espagnol est désormais associé à Matic devant la défense. Et ça marche. Les deux experts du placement rassurent tout le monde et placent Pogba dans les meilleures conditions pour briller. De son côté, le défenseur central suédois a montré le calme nécessaire, faisant admirer son anticipation. Le PSG va devoir se méfier: tout le monde s'est trempé dans le bain de jouvence scandinave.