Les mauvaises conduites nutritionnelles associées à la non-observance d'une bonne hygiène de vie sont en cause dans l'augmentation exponentielle des maladies non transmissibles et dégénératives, ont alerté les participants à la journée médicale organisée par l'Association des médecins généralistes de la wilaya de Tizi Ouzou (Amejay) qui ont débattu du thème de la nutrition. Le sujet a fait débat lors de la rencontre médicale de jeudi dernier qui s'est tenue au siège de l'APW de Tizi Ouzou. Tout en rappelant que «la nutrition est une composante essentielle de la santé», le Dr Barchiche dressera un tableau sombre de la situation épidémiologique des MCNT dont les causes sont dues aux conduites alimentaires. Des conduites qui «incluent l'alimentation mais aussi l'activité physique et les aspects comportementaux qui lui sont liés», explique l'auteur de la présentation. «Les mutations de la société, les transitions socioculturelles et épidémiologiques ont pour conséquence l'émergence des maladies chroniques non transmissibles (MCNT) (maladies cardiovasculaires, haute tension artérielle, obésité, allergie…)», fera-t-il observer. Il rappellera que les MCNT sont la première cause de mortalité à l'échelle de la planète, à hauteur de 60% dont 80% dans les pays à faible revenu. A elles seules, les maladies cardiovasculaires causent 17,5 millions de décès/an. La société algérienne n'est pas en reste, selon l'orateur qui met en cause «les mutations dans notre mode de vie et nos habitudes alimentaires (plus forte utilisation ou diversification précoce et à fortes doses de protéine, alimentation plus artificielle chez les nourrissons, fast-foods envahissants), conséquence d'une urbanisation des villages, de l'européanisation des villes avec tous les changements socioculturels qui impactent la santé globale (famille déstructurée, parents distraits par les occupations professionnelles, les enfants se nourrissent seuls face aux écrans télé et tablettes…)». Un problème de santé publique et des maladies en augmentation exponentielle, entraînant une même tendance du taux de mortalité. S'appuyant sur les données de la littérature qui établissent que le facteur environnemental et comportemental ainsi que les modes alimentaires (industrie agroalimentaire) sont désignés du doigt dans la survenue de ces maladies où le terrain et les prédispositions génétiques n'interviennent qu'à une proportion relativement faible, le Dr Barchiche estime «qu'il est aujourd'hui possible de corriger des chiffres alarmants et d'envisager une prévention efficace. A condition, préconise-t-il, d'intervenir tôt, en agissant sur le risque et non pas quand la maladie est déjà apparue». Et de rappeler ce principe cher aux nutritionnistes pour qui la suralimentation précoce (excès d'apports protéiques) comme la dénutrition jouent un rôle prépondérant sur le risque de maladies non transmissibles : «Ce que vous faites et ce que vous mangez au cours des 1 000 premiers jours font une différence pour le reste de votre vie (…), ce n'est pas seulement au cours de la croissance, ni même dès la naissance, que la nutrition joue un rôle primordial dans la prévention des maladies chroniques non transmissibles mais dès la conception puis la grossesse et les deux premières années de l'enfant.» Signalons qu'une série de conférences portant, entre autres, sur l'allaitement maternel, la diversification alimentaire, l'obésité… ont été au menu de cette rencontre qui a permis aux participants de débattre sur les pratiques et les avancées thérapeutiques relatives au thème de la journée. Des orientations en rapport avec l'exercice de la profession médicale ont été faites par le président du conseil de l'Ordre des médecins de la région de Tizi Ouzou. Regrettant «le désordre qui caractérise la profession médicale», le Dr Diboun insiste sur la qualité de la relation thérapeutique médecin-malade. «Les malades attendent beaucoup de disponibilité, de l'écoute et un accompagnement et une écoute attentive de la part du médecin. La notion du consentement éclairé doit prévaloir dans ce genre de relation», finira-t-il par dire. S. A. M.