L'égoïsme est considéré comme le mal de la consommation. De plus en plus de personnes l'évoquent autour de nous, le considérant comme un phénomène nouveau. Qu'en est-il exactement ? Comment le manifeste-t-on ? Dans ce numéro, Soirmagazine vous propose un éclairage pour répondre à ces questions et à bien d'autres que suscite ce sujet. Commençons par le commencement en donnant une définition de ce tempérament ou ce caractère. C'est quoi au juste être égoïste Les racines de ce mot viennent du latin «ego» qui signifie «moi» ou encore «je». Louis de Jaucourt dans l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers explique que l'égoïsme se définit par la propension d'un individu à ne penser qu'à lui-même, sans faire grand cas des sentiments ou du mal qu'il peut engendrer chez les autres. Que ce soit pour réussir professionnellement, pour dominer son conjoint ou pour manipuler ses amis. L'égoïste prend un malin plaisir à écraser les autres de sa suffisance pour parvenir à ses fins. Le but premier de l'égoïste étant sa satisfaction personnelle. Rien ne l'empêche de faire ce qu'il veut pour assouvir ses désirs, l'autre n'étant qu'un objet à utiliser pour briller en société. Comment reconnaître une personne égoïste Il y a certains défauts qu'on peut considérer comme mignons ou bien touchants, mais l'égoïsme ne fait pas partie de cette catégorie. Dominique Pir, diplômée de l'Université en lettres et psychologie, explique : L'égoïste vit en circuit fermé ; il est comme empêché de voir et d'entendre ce qui ne le concerne pas personnellement ; le monde, c'est lui, le reste est ignoré ! Il est peu satisfait de sa vie et souvent solitaire (égoïsme et «célibat endurci» font bon ménage), soit par choix, soit par force. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il a tendance à lasser son entourage ! Il arrive toutefois qu'il rencontre un(e) «alter ego», quelqu'un comme lui, avec qui il formera un couple replié sur lui-même : rassemblant leurs intérêts communs pour se prémunir du monde extérieur, ils vivront alors un «égoïsme à deux» ; rien de bien neuf, si ce n'est qu'ils sont maintenant deux dans la même «cellule». Est-ce qu'on naît égoïste ou le devient-on ? Dans le tout premier stade de son évolution, relève Dominique Pir, l'être humain est exclusivement tourné vers ses propres besoins : être nourri, soigné, consolé, stimulé, et ce sont là les conditions de sa survie. Ce n'est qu'après avoir acquis un minimum d'indépendance qu'il s'ouvrira peu à peu à un environnement de plus en plus large (de la mère à la famille, de la famille à la crèche, etc.). Mais pour que cette ouverture progressive vers les autres se réalise sans embûches, il faut que l'enfant ait reçu suffisamment d'amour pour croire en lui, pour s'aimer ; il pourra alors commencer à donner de l'amour en retour. Dans le cas contraire, il peut rester bloqué à ce stade où le monde entier semblait converger vers lui. Autrement dit, la personne égoïste, qui accapare tout à son profit, ne trouve pas plaisir à échanger, à donner, n'est pas atteinte d'un «trop plein» d'amour pour elle, elle souffre, en fait, de son contraire. Son avidité, son besoin d'arracher à la vie ce qu'elle pourrait obtenir autrement ne sont pas le signe d'un trop grand amour de soi, mais celui d'une difficulté à croire en elle-même. Ce n'est pas l'amour de soi qui produit de l'égoïsme, mais l'attachement plus ou moins pathologique à une image périmée de soi-même, celle de «l'enfant merveilleux», à qui rien ne doit jamais manquer. Mais alors, quelle est la différence entre un pervers narcissique et un égoïste ? Nous avons expliqué auparavant la signification de l'égoïsme ; ainsi, un pervers narcissique est égoïste et égocentrique dans la mesure où il pense être le centre du monde, sert ses propres intérêts et n'éprouve aucune compassion envers autrui. En revanche, et heureusement, une personne égoïste n'est pas nécessairement un pervers narcissique. L'égoïste ne fait pas de victime. Il ne pense qu'à lui mais ne cherche pas à manipuler autrui, alors que le pervers narcissique utilise l'autre, le dévalorise, l'instrumentalise pour atteindre ses objectifs, servir ses projets et nourrir son ego. Pascal Ide, docteur en médecine et philosophie, avertit que dans les cas extrêmes, chez les sociopathes, le narcissisme peut aller ainsi jusqu'à la destruction de l'autre. Dans son ouvrage Manipulateurs, il cite le psychiatre Alberto Eiguer : «Les individus pervers narcissiques sont ceux qui, sous l'influence de leur soi grandiose, essaient de créer un lien avec un deuxième individu, en s'attaquant tout particulièrement à l'intégrité narcissique de l'autre afin de le désarmer. Ils s'attaquent aussi à l'amour de soi, à la confiance en soi, à l'auto-estime et à la croyance en soi de l'autre.» L'égoïste ne se soucie pas des autres, mais ne se sent pas pour autant supérieur à eux. Alors que le pervers narcissique, lui, est convaincu de valoir beaucoup plus que les autres. Il a le sentiment d'être exceptionnel. Cette adoration de sa propre personne conduit le pervers narcissique à exiger des autres des attentions et des privilèges, et à éprouver de la colère lorsqu'ils lui font défaut. Est-ce qu'on peut ne plus être égoïste ? Les spécialistes expliquent que oui. Dominique Pir souligne dans son article, que le point de départ est de prendre conscience de cette faiblesse et des effets dommageables qu'elle a pour soi-même ; à partir de là, il devient possible de se dégager petit à petit du cercle vicieux où elle nous enferme. Il y a évidemment un juste milieu à trouver. Car il est important aussi de prendre du temps pour soi de temps en temps. Donc, toute proportion gardée, vous pouvez aussi penser à vous ! Source internet