Les étudiants se sont mobilisés en masse hier contre le cinquième mandat. Les manifestations, qui se sont déroulées un peu partout à travers le territoire national, ont eu lieu à l'heure où se déroulaient les dépôts des dossiers des candidats à la présidentielle. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Le dispositif de sécurité mis en place très tôt laissait entendre qu'une nouvelle journée tendue allait se dérouler à Alger. Les nouvelles en provenance de plusieurs autres régions du pays confirment, cependant, le caractère national de la protestation. Elle débute en milieu de matinée. Les étudiants des Facultés de médecine et de droit paralysent les universités et entament des manifestations portes fermées. Des slogans contre le cinquième mandat fusent. Les brigades anti-émeutes veillent à ne laisser personne franchir le seuil des établissements. La situation dure ainsi près d'une heure, mais des groupes de manifestants parviennent à s'échapper et sortir dans les rues. D'autres suivent. Des courses-poursuites s'organisent. La foule est, cependant, de plus en plus nombreuse. L'ampleur du rassemblement est nettement plus importante sur le pont de Chevalley où des centaines d'étudiants se sont donné rendez-vous. Les jeunes filles sont présentes en grand nombre. La circulation routière est coupée. Les automobilistes klaxonnent en signe de solidarité. La situation est similaire à Saïd-Hamdine, Aïn Allah, Dély Brahim. A la Fac centrale, les étudiants sont à ce moment encore bloqués portes fermées. Tout autour, des citoyens commencent à s'amasser. Pancartes en main, ils réclament «Liberté» et «démocratie». Il est un peu plus de 12 h 30 lorsque les premiers groupes parviennent à sortir dans la rue. Très vite, le mouvement s'amplifie. Les magasins restés ouverts jusque-là baissent tous leurs rideaux. Le tunnel des Facultés est fermé. Les écoliers rebroussent chemin. Les rues Didouche-Mourad et la place Audin sont rapidement envahies. Les CRS tentent de contenir la foule. Ils lancent des gaz lacrymogènes. L'objectif est d'empêcher les manifestants de se déplacer. Ceux de Ben Aknoun et de Dély Brahim tentent de marcher vers le Conseil constitutionnel. Ici, les forces de l'ordre usent de plus grands moyens pour les empêcher d'avancer. Les camions anti-émeutes lancent des jets d'eau. L'autoroute de Ben Aknoun est, elle aussi, fermée à la circulation. Alger gronde sous les cris des étudiants en colère. L'Université de Bab Ezzouar bouillonne. Ils sont des centaines à manifester à l'intérieur. Le métro et le tramway sont à l'arrêt. Sur l'autoroute, un grand nombre de camions de la Gendarmerie nationale sont stationnés depuis plusieurs heures déjà. La circulation est bloquée. El-Harrach est encerclé. Les instituts sont en effervescence là aussi. Certains se retrouvent coincés et obligés de trouver des solutions de substitut. Dans les autres régions du pays, la mobilisation estudiantine est grandiose. A Tizi-Ouzou, Béjaïa, Bouira, Bordj-Bou-Arréridj, Oran, Tlemcen, Skikda, Constantine, Mostaganem, Annaba, Tiaret, Guelma, des milliers d'étudiants ont envahi les rues. Les services de sécurité n'ont pas changé de stratégie. Ils se contentent d'encadrer les foules et d'empêcher leur déplacement. Aucun incident notable n'est enregistré. Les évènements qui se déroulent perturbent, cependant, grandement la journée des citoyens. Beaucoup sont dans l'obligation d'annuler leur programme. Inquiets, des parents récupèrent leurs enfants avant la sortie de l'école. Il est 17 h, Alger est encore sous pression. Le centre-ville est toujours occupé par une grande foule. Des personnalités politiques publient des vidéos pour soutenir les manifestants. Elles saluent le caractère pacifique de la protestation et appellent au maintien de la mobilisation. L'université algérienne retrouve son aura. A. C.