Le vice-ministre de la Défense nationale et chef de l'état-major de l'Armée nationale populaire, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah est en passe d'effectuer une véritable offensive médiatique ainsi qu'un remarquable changement de ton, notamment ces deux derniers jours. Sans doute en raison de l'immense mobilisation populaire contre le cinquième mandat auquel s'est porté candidat Abdelaziz Bouteflika, le patron de l'état-major surprend, en effet, par un discours pour le moins énigmatique. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Hier lundi, le ministère de la Défense nationale rendait public un second communiqué-compte-rendu de la visite de Gaïd Salah, dimanche dernier à l'Ecole nationale préparatoire aux études d'ingéniorat à Rouiba. Un communiqué qui confirme ce changement de ton chez Gaïd Salah. Le chef de l'état-major ne lance aucune mise en garde, comme il avait coutume de le faire, à l'endroit de ceux qu'il désignait constamment par « cercles occultes », occulte, encore une fois , le rendez-vous de la présidentielle et, mieux encore, et pour la première fois, il ne cite à aucun moment « le président de la République, ministre de la Défense nationale chef suprême des forces armées, le moudjahid Abdelaziz Bouteflika ». C'est véritablement une première, pour celui qui dirige l'état-major de l'ANP depuis 2004, que de ne pas citer dans une intervention publique Abdelaziz Bouteflika. Il n'est plus question, dans le nouveau discours de Gaïd Salah, en tout cas depuis deux jours, que « du peuple », et « des intérêts suprêmes de la Nation». Parlant de l'appareil de formation militaire, devant l'ensemble des cadres concernés du ministère de la Défense, il dira, par exemple, que « tout ce qui a été réalisé, jusqu'à présent, dans le domaine de la science, de la connaissance et de la formation est d'une extrême importance, et une source de satisfaction, cependant, les ambitions de l'Armée nationale populaire qui sont également celles de l'Algérie et de son peuple, l'incitent constamment à être à la hauteur des lourdes responsabilités qui lui sont dévolues ». Ou encore : « Il convient de souligner que l'un des facteurs importants ayant contribué au succès du processus pédagogique de notre appareil de formation est son souci permanent de faire partie intégrante du système éducatif national, de faire corps avec les valeurs de son peuple et les fondements de son identité nationale, faisant ainsi de lui un des éléments qui contribuent à la promotion du secteur de l'éducation et de l'enseignement dans notre pays, dans sa conception militaire, adaptées aux spécificités de la profession militaire et des besoins urgents.» Le patron de l'état-major ajoutera, dans le même sillage, qu'«il est certain que la facilité qui caractérise l'intégration des nouvelles recrues dans le cursus pédagogique et de formation, dispensé dans les rangs de l'Armée nationale populaire, est la meilleure preuve de la cohérence entre l'environnement professionnel militaire et le vivier populaire, d'où notre appareil de formation puise sa composante humaine ». Parlant, ensuite, plus généralement de l'institution et de son rôle, Gaïd Salah affirmera qu'il s'agit d'une armée « qui porte une vision globale et clairvoyante sur les intérêts suprêmes du pays, (et qui) fait que cette nation est entre de bonnes mains, qui estime ce legs à sa juste valeur, savent honorer le serment, valorisant le travail noble et honorable, tel que le mérite cette terre sainte et ses valeureux martyrs». Pour cela, ajoutera-t-il encore, l'ANP continue de considérer le travail assidu, soigneux et dévoué à Allah le Tout-Puissant et à la patrie, son moyen principal qui lui permet de s'adapter en permanence aux impératifs des intérêts suprêmes de la Nation et de veiller à leur garantie, ce qui requiert, nécessairement, un sens élevé de la responsabilité et du devoir envers le peuple et la patrie ». L'homme fort du MDN affirmera également que l'ANP est « une armée professionnelle de par sa performance et son raisonnement, qui agit conformément aux dispositions des lois de la République, selon l'envergure et la nature des missions qui lui sont assignées, professionnelle également de par l'assimilation des paramètres à même de préserver en permanence le capital de confiance de son peuple ». A aucune étape, dans cette intervention de Gaïd Salah, Bouteflika n'est « associé » , ce qui est, pour le moins, une grande « révolution » dans le discours du vice-ministre de la Défense nationale… K. A.