La semaine a été pénible. D'abord parce qu'on a vu beaucoup d'enfants dans la rue. Les collégiens, encore moins les écoliers, n'ont pas à manifester. A l'heure où ils « battaient le pavé », leur place était à l'école. Qui a fermé les établissements scolaires ? Est-ce que tous les enseignants étaient en grève pour renvoyer les enfants ? Leur place était à l'école ou à la maison. Mais on a vu très peu de parents chercher leur progéniture dans la foule, comme par le passé, quand ils sortaient protester contre le report des vacances. Ils pensaient peut-être que cette fois, tout le monde a droit à sa marche. Erreur, un enfant est un enfant. Partout, tout le temps. La semaine a été particulièrement pénible pour le pouvoir. Il pensait peut-être que son temps allait se régler sur le rythme d'une manifestation chaque vendredi, le voilà avec des marches quasiment tous les jours. Des marches « sectorielles », comme on dit. Avec les étudiants, puis les lycéens, les avocats et les magistrats. Des « réunions » en quelque sorte qui préparent le… congrès du vendredi, histoire d'« actualiser » la célèbre formule en la mettant au goût du moment. La semaine a été pénible pour tout le monde avec ce scénario politique que les Algériens n'attendaient pas. Elle a commencé avec… l'avion présidentiel. Jamais un aéronef n'a été suivi avec autant de « GPS ». On nous l'a montré décollant d'Alger et arriver à Genève. On l'a vu stationné, puis repartir. On a douté de sa destination au retour et on a spéculé sur son couloir aérien et ses autres destinations possibles… Tout ça, parce que la confiance et la transparence règnent. La semaine a été pénible parce que la montagne a accouché d'une souris. Dans la foulée de… l'avion, on nous a annoncé des « mesures », on a fini dans l'entourloupette. On nous a promis des hommes nouveaux, on nous a servi Bedoui, Lamamra et Brahimi, en attendant ce que nous réserve le… nouveau gouvernement dont on connaît déjà le ministre des Affaires étrangères ! La semaine promettait d'être moins pénible dans un vendredi plus imposant dans son volume de mobilisation, plus déterminé dans ses objectifs, plus imaginatif dans sa démonstration, plus apaisé dans ses attitudes. A l'heure où s'écrivaient ces lignes, tout se confirme même si on ne pouvait pas en relater l'essentiel. On y reviendra demain. La semaine s'est terminée de façon dramatique avec cet horrible attentat en Nouvelle-Zélande. 40 morts dans deux mosquées ciblées par un tireur d'extrême droite férocement déterminé. On n'entend pas beaucoup parler de ce pays, en dehors des documentaires sur ses immenses élevages et sa célèbre équipe de rugby. On apprendra à le connaître dans des conditions tragiques, hélas. S. L.