C'est visiblement la course à la déculpabilisation au sein des divers compartiments du sérail, montrés du doigt par la rue qui, depuis le 22 février dernier, réclame leur départ. Et dans ce réquisitoire du peuple qui a retrouvé sa souveraineté, le parti du FLN tire une bien triste épingle puisqu'il est le plus vilipendé par les millions de manifestants qui réclament sa mise au placard de l'Histoire. Un parti FLN dont l'instance dirigeante tente de se défendre comme elle peut contre ce chapelet de chefs d'accusation. Hier mercredi, le coordinateur de cette instance a usé d'une véritable gymnastique sémantique pour se déjuger, lui qui, il n'y a pas longtemps et alors que la rue commençait à signifier son refus du 5e mandat présidentiel du Président sortant, n'a pas hésité à comparer Abdelaziz Bouteflika au dernier messager de Dieu. « Le Front de libération nationale n'était représenté au gouvernement que durant quelques années. L'appareil exécutif n'était pas entre les mains du parti du FLN et c'est là une vérité », a , en effet, affirmé Moad Bouchareb devant les mouhafedh du parti réunis à l'hôtel Mouflon d'Or, à Alger. Une manière pour celui qui a été bombardé président de l'APN, il n'y a pas longtemps dans les conditions que l'on sait, de «répliquer» à ceux parmi les frères, notamment de l'intérieur du sérail, qui, selon lui, «aiment porter contre nous des accusations». S'efforçant de se dédouaner davantage, Bouchareb a affirmant que «l'occasion est venue pour reconstruire le parti où, selon lui, des harkis ont pris place». Suffisant pour le coordinateur de l'instance de gestion du parti FLN pour opérer une volte-face comme l'a fait, la veille, son compère du sérail, le RND, en annonçant tout simplement son appui à l'insurrection citoyenne en cours qui, pourtant, ne cesse de réclamer sa mise au musée et le départ de toutes les notabilités du régime qu'il incarne. Celui qui, il n'y a pas longtemps, prenait du plaisir à narguer le peuple, n'hésite pas à tresser à ce dernier des lauriers. «Le peuple algérien a exprimé son avis clairement» et les Algériens défendent leur pays à travers leurs marches pacifiques et revendiquent le changement», a-t-il déclaré. Et de signifier que les «enfants du FLN travaillent d'arrache-pied à concrétiser les objectifs selon une feuille de route claire dans ses contours», ajoutant que le président de la République a «pris en compte» ces doléances en promettant le «changement du système pour aller vers une Algérie nouvelle». Il est peut-être utile de relever que cette rencontre ne s'est pas déroulée dans la sérénité. Des mouhafedh, notamment ceux qui s'étaient retrouvés, au début de la semaine à Bouira pour réclamer la tête de Bouchareb et un congrès extraordinaire, ont été empêchés d'accéder à la salle des réunions. L'ONM appelle à la mise du FLN au musée de l'Histoire D'autre part, l'Organisation nationale des moudjahidine a invité à distinguer entre le glorieux Front de libération nationale qui a dirigé la révolution armée ayant abouti à l'indépendance nationale et le parti du Front de libération nationale devenu, à ses yeux, le triste symbole de toutes les facettes de la corruption. Ce qui a poussé, ajoute l'ONM dans un communiqué rendu public, hier mercredi, l'insurrection citoyenne en cours à réclamer le départ du FLN. Et de voir en cette doléance citoyenne une prise de conscience quant à la nécessité de «libérer le FLN en lui octroyant la place historique qui lui sied en lui conférant le statut d'institution de référence et prospective nationale et indépendante à consacrer dans la prochaine Constitution à même de le soustraire à toute récupération de quelque partie qui soit, lui qui incarne un héritage historique commun à tous les Algériens». M. K.