Enfin grandir : Tottenham rêve de sa première finale de Ligue des champions, à l'heure d'affronter ce soir (20h) en demi-finale aller un Ajax Amsterdam qui espère, lui, retrouver sa gloire passée grâce à ses jeunes. La possibilité d'une finale européenne, alors qu'il y a encore peu la presse britannique évoquait les départs de Mauricio Pochettino, Harry Kane ou encore Christian Eriksen, arrive à point nommé pour les «Spurs». Qui voudrait quitter un club capable d'atteindre la finale de la compétition reine, au moment où il s'installe dans un nouveau stade de plus de 62 000 places, véritable bijou à un milliard de livres (environ 1,15 milliard d'euros) ? «Nous devons commencer à réfléchir au nouveau chapitre, à la nouvelle ère, pour nous assurer que Tottenham est un vrai candidat pour les grandes choses», avait déclaré Pochettino lors de l'inauguration de la nouvelle enceinte. «Nous devons nous comporter comme un grand club. Nous devons être des prétendants réalistes aux grandes choses.» Se comporter comme un grand club, c'est aussi recruter, pour espérer des printemps enchantés. Mais l'argent a été consacré au stade, pas à l'effectif, et Tottenham ne s'est pas renforcé, ni cet été ni cet hiver. Les «Spurs» en paient désormais le prix : ils s'apprêtent à recevoir l'Ajax avec un effectif réduit au minimum. Harry Kane, Moussa Sissoko, Serge Aurier, Harry Winks, Erik Lamela sont blessés, et Son Heung-min sera suspendu mardi. Une fatigue qui empêche les Londoniens de développer leur intense jeu offensif et qui les fait caler au pire moment, alors qu'ils n'ont gagné qu'un seul de leurs trois derniers matchs de championnat (dont une défaite samedi à domicile contre West Ham), grâce à leur seul but sur la dernière quinzaine. Ajax : l'occasion ou jamais ? Dans le même temps, tout va bien à Amsterdam, à qui l'Eredivisie a accordé un week-end de repos avant son choc européen. Grâce à ses jeunes, Matthijs de Ligt, Frenkie de Jong, Kasper Dolberg, et Donny van de Beek notamment, les Néerlandais ont fait tomber les géants Real Madrid et Juventus Turin. Cette génération n'avance plus masquée et fait penser à celle de 1995, quand Louis van Gaal avait mené les gamins Edwin van der Sar, Frank et Ronald de Boer, Edgar Davids, Clarence Seedorf, Marc Overmars et Jari Litmanen au sacre européen. Hen ten Haag abordera donc en pleine confiance ce dernier carré européen... en lançant ses joueurs à l'attaque. «Il nous demande de jouer libérés. Et quel que soit l'adversaire, il ne déroge pas à son système de jeu hyper offensif, avec un pressing très haut», a récemment apprécié De Ligt, dans le magazine Voetbal International. «Mais il sait aussi s'adapter à l'adversaire. Face à la Juventus notamment, il m'avait demandé de jouer avec de longs ballons plutôt que de construire proprement par des passes courtes. Cela a déconcerté les Turinois», a savouré le défenseur central. Reste que pour Ten Haag et cette exceptionnelle génération, ce sera sans doute la dernière occasion de briller sous le maillot blanc et rouge. Tout comme son aîné en 1995, le groupe ajacide risque d'être pillé par les grands clubs européens. Si le départ de De Jong est déjà acté, avec un transfert vers Barcelone pour 75 millions d'euros, d'autres pourraient suivre. Tottenham, qui compte déjà quatre anciens joueurs de l'Ajax dans ses rangs (Sanchez, Alderweireld, Vertonghen et Eriksen) doit regarder ça de près...