Pour ce mois de Ramadhan 2019, le Haut-commissariat à l'amazighité (HCA) met en place une programmation dédiée au «Théâtre du renouveau amazigh/Amezgun amaynut amaziɣ (TRA-AAA)» du Canada qui présentera au public algérien la pièce Tidak n Nna Fa. Ainsi, les amoureux du théâtre amazigh sont conviés à apprécier le talent du TRA-AAA, invité pour la première fois pour une tournée en Algérie. C'est une organisation canadienne et nord-américaine créée pour promouvoir le théâtre d'expression amazighe. Le TRA-AAA existe depuis 2006 et compte dans son répertoire trois pièces de théâtre toutes enregistrées en public et mise à la disposition du grand public en DVD : Tidak n Nna Fa, Ass n unejmaa et Abbuh.com. Le choix du spectacle sélectionné par les organisateurs est porté sur Tidak n Nna Fa, une pièce de Arab Sekhi jouée par Arab Sekhi, dans le rôle de Nna Fa et Brahim Benammar, dans le rôle du médecin. Tidak n Nna Fa raconte, comme le titre l'indique, l'histoire de Nna Fa, une vieille kabyle en visite chez son médecin. Quoi de plus banal. Sauf que quand des circonstances particulières transforment le médecin en confident, Nna Fa déroule devant nous la trame de toute une vie faite de beaucoup d'amour mais aussi d'abnégation, de frustration et de révolte. Elle laisse libre cours à ses vérités sur la vie sociale en Kabylie, sur les hommes, sur les femmes et sur les «temps d'aujourd'hui». Dans un tourbillon de répliques où se mêlent le rire et les larmes, Nna Fa nous fait passer par tout un éventail d'émotions. De la tendresse à la nostalgie, du respect à l'admiration en passant par un peu de regret d'avoir manqué de temps et parfois de patience avec nos vieilles parentes et d'avoir ainsi manqué d'engranger des moments précieux. Dans une politesse irréprochable, une langue authentique et merveilleuse, Nna Fa nous fait réaliser que nos grands-mères ont un regard sur la vie plus lucide que nous ne le pensions. Elle nous réconcilie avec une génération dont nous n'avons pas toujours saisi la mesure et nous fait entrevoir des trésors de sagesse et de lucidité que nous avions peut-être sous-estimés. Etonnement, ce cri du cœur d'une vieille femme de l'ancienne génération, reste toujours, à bien des égards, d'une criante actualité. Du rire, des larmes et beaucoup de tendresse au rendez-vous. La langue de Nna Fa nous emmène comme un tapis volant au cœur de la Kabylie, mais aussi au fond de nos cœurs de fils et de filles. C'est peut-être le plus grand des voyages. Rendez-vous donc à Alger, le dimanche 12 mai, au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi ; Oran, le mercredi 15 mai, au Théâtre régional Abdelkader-Alloula ; Batna, le samedi 18 mai, au Théâtre régional de Batna (TRB) ; Tizi-Ouzou, le lundi 20 mai, au Théâtre régional Kateb-Yacine. B. T.