Fin 2017, je quittais Le Soir d'Algérie après plus de 21 ans d'exercice au sein d'un journal qui m'accueillit dans le tumulte des années 1990 sans contingences et m'offrit un banc d'apprentissage au sein d'une rédaction déjà rompue à l'exercice journalistique et à la confection, dans des conditions parfois improbables, d'un journal qui venait de renaître de ses cendres après l'attentat terroriste qui l'avait ciblé et presque anéanti, un certain 11 février 1996. Je ne doutais guère que ma rencontre pour un au revoir amical avec Fouad allait être la dernière. «C'est toute une vie», me disait-il à propos de mon passage au Soir d'Algérie ou plutôt dans son journal. «C'est toujours un chez toi où tu peux entrer quand tu veux», me répétait-il au moment où je quittais son bureau. Affable et diligent, il fut souvent ce recours providentiel qui soulage les inquiétudes et doutes qui nous habitent, indiquant et apportant les moyens d'y remédier. En grand frère mais surtout en parfait pédagogue quand il s'agit de recadrer nos errements, il n'eut jamais recours en envolées discursives pour recadrer, à juste titre, nos imprudences de jeunesse. Une petite d'à-propos à peine chuchotée à nos oreilles, suffisait à nous inculquer la pertinence. Auprès de lui, nous ne nous sommes jamais sentis dans un rapport de patron à employés mais plutôt en face du sage de la famille. L'exemple, il l'offrit à la besogne. Vingt-quatre pages revisitées dans les moindres détails par Fouad Boughanem qui ne quittait la rédaction qu'une fois rassuré du départ de tout le staff. Journal du soir, nous étions les derniers à prendre congé de la Maison de la presse sous le couvre-feu en vigueur à l'époque, mais rarement avant Fouad qui nous surprenait chaque jour que Dieu fait par la conception finale du Soir d'Algérie, son sens aigu de la titraille et ses choix de unes qui faisaient jaser les concurrents. Et auprès de lui encore, des générations de jeunes journalistes ont appris le métier et l'humilité faite homme. Repose en pais Fouad. Tu auras marqué d'un trait indélébile le profession. Kamel Ghimouze