Encore une fois le pouvoir vient de démonter l'argument fallacieux de la commercialité. Le Directeur du quotidien le Soir d'Algérie, Fouad Boughanem, a été arrêté hier devant la porte de la maison de la presse Tahar-Djaout par des policiers en civil. Les hommes de Zerhouni ont bouclé les alentours des lieux depuis le début de la matinée guettant l'arrivée de Boughanem. Ce dernier avait refusé de répondre aux trois convocations qui lui ont été adressées par la police. Après son arrestation, le directeur a été conduit au commissariat central puis transféré, à 15 heures précises, vers le tribunal de Sidi M'hamed pour y être entendu par le juge, avant d'être relâché à 16 heures. «Après l'arrestation de Fouad Boughanem, plusieurs journalistes présents face au commissariat ont été arrêtés,» a indiqué un communiqué du journal, précisant que les journalistes se sont rendus au commissariat central pour soutenir Boughanem. «Parmi eux se trouvent plusieurs journalistes de Liberté du Soir d'Algérie, dont Malika Boussouf directrice de la rédaction et le rédacteur en chef Badreddine Manâa, le directeur du quotidien Akhar Sâa Said Belhadjoudja, le secrétaire général du SNJ Rabah Abdelah», a ajouté la même source. On a appris par ailleurs, que le photographe du Soir d'Algérie Samir Sid, sa consoeur du quotidien Alger Républicain, le journaliste de Liberté et son confrère du El Watan ont été arrêtés alors qu'ils se trouvaient devant le commissariat pour couvrir l'événement. Cette arrestation est la deuxième du genre après celle du directeur du Matin, Mohamed Benchicou en compagnie du caricaturiste de Liberté, Ali Dilem. Le refus de Boughanem d'obtempérer aux convocations de la police judiciaire est venu suite à la décision du collectif d'éditeurs de journaux, réuni le 06 septembre dernier dans les locaux du Soir d'Algérie, de ne déférer qu'à la justice. Dans une déclaration rendu publique, le collectif a estimé que l'appréciation du délit de presse relève directement de la justice et non de la police judiciaire. Avec cet énième épisode de harcèlement contre la presse indépendante, le pouvoir vient de démonter par lui-même l'argument fallacieux de la commercialité. La suspension des six titres, dont L'Expression qui vient retrouver ses lecteurs après un mois d'absence forcée, est éminemment politique. Aussi convient-il de s'interroger sérieusement sur les magouilles qui sous-tendent cet acharnement contre l'un des plus grands acquis de la démocratie en Algérie.