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«Le Hirak n'est pas responsable de la détérioration de l'économie»
Professeur Mohamed Chérif Belmihoub (analyste-chercheur en économie) :
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 06 - 2019

Beaucoup a été dit et se dit encore quant à l'impact du mouvement populaire sur l'économie nationale depuis quelques jours, pour une sorte de bilan quatre mois après la sortie des Algériens pour exiger l'instauration d'une nouvelle République. C'est dans ce sens qu'est venue enrichir le débat l'intervention de l'analyste et chercheur en économie, le professeur Mohamed Chérif Belmihoub, à travers un entretien accordé à l'APS.
Avis éclairé et éclairant à plus d'un titre, celui émis par le professeur Belmihoub lève de nombreuses équivoques sur la responsabilité du mouvement populaire né le 22 février quant à la situation économique du pays. Des équivoques dont une a particulièrement retenu l'attention, celle relative à l'évaluation par la ministre de l'Industrie et des Mines à plus d'un milliard de dollars de pertes induites par les grèves observées dans certaines entreprises nationales pour des revendications socioprofessionnelles. Déjà, pour battre en brèche une certaine argumentation destinée à incriminer le Hirak dans la situation économique peu enviable que le pays traverse, le professeur Belmihoub précise que «la relation entre crise politique et impact sur l'économie et inversement est un problème de temps. En effet, le temps politique n'est pas le temps économique et ce dernier n'est pas le temps administratif.
Il n'y a pas de synchronisation parfaite entre les trois temps. Chacun a sa propre logique et sa rationalité. Le déphasage ou la contradiction est encore plus prononcé sur le court terme. Dans le contexte actuel en Algérie, c'est le temps économique qui va s'aligner sur le temps politique, plus long. Et c'est cet alignement qui est décrié aujourd'hui par certains analystes et experts économiques qui considèrent que l'économique ne peut pas attendre et toute transition serait néfaste pour l'économie. Ce raisonnement fait l'impasse sur la relation entre l'économie, la société et le système de pouvoir. L'économie aurait pu résister mieux aux effets de la crise politique si elle était régulée et gouvernée par des institutions solides. La situation économique du pays était déjà dégradée à la veille du mouvement populaire. Les expressions pacifiques du peuple sont à saluer, car dans ce genre de révolte contre les pratiques irresponsables et autoritaires, voir même mafieuses par certains aspects, les pertes économiques auraient été désastreuses. Nous constatons que le mouvement du 22 février n'a produit aucun de ces effets pervers, excepté quelques mouvements de grève, essentiellement dans le secteur public. Aucune dégradation des équipements publics, aucune perturbation des réseaux de communication. Alors, l'on se demande d'où vient le chiffre d'un milliard de dollar comme impact des grèves dans le secteur public donné par la ministre de l'Industrie. Comment peut-on perdre un (1) milliard de dollar à cause de quelques jours de grève dans le secteur public industriel lorsqu'on sait que tout le secteur industriel (public et privé) ne produit annuellement que 7 à 8 mds de dollars ? C'est pour le moins hallucinant de donner un tel chiffre».
De quoi donner une idée plus sérieuse aux autorités concernées pour revoir leur copie et surtout ne pas se hasarder à balancer littéralement des chiffres, de mauvais chiffres, même si d'un autre côté le professeur Belmihoub admet que «Les actions du mouvement et surtout sa persistance sur une période de quatre mois ont eu quelques impacts sur certains comportements des opérateurs économiques en matière d'investissement, un ralentissement dans le traitement des dossiers de paiement ou de demande de crédits, de lancement de nouveaux projets en raison de l'incertitude sur l'avenir en l'absence d'une perspective politique de sortie de crise ou du moins d'une feuille de route pour une transition maitrisée. Le mouvement populaire et la symbolique qu'il incarne en termes de cohésion nationale, de la récupération de la citoyenneté par les Algériens et surtout de sa projection dans un idéal de justice sociale et de gouvernance responsable, doit être vu comme une nouvelle ressource pour l'économie pour les défis à venir».
Il n'est pas besoin d'être une lumière pour savoir que la longueur dans le temps de la crise politique n'est pas faîte pour arranger la situation économique du pays, mais de façon succincte, il est clair pour l'analyste qu'est Mohamed Cherif Belmihoub : «Il ne fait aucun doute, la persistance de la crise politique et son corolaire le mouvement populaire affecteront l'activité économique de manière directe ou indirecte. De manière directe, nous allons assister à un ralentissement de l'activité économique en raison certainement des perturbations, comme annoncé plus haut, liées à des problèmes de financement ou de transactions bancaires, douaniers et administratifs dus essentiellement à des peurs en lien avec l'opération en cours sur la corruption. Le domaine qui sera le plus affecté est celui de l'investissement. Il est connu que l'investisseur est très sensible à l'incertitude et par conséquent, il aura tendance à reporter sa décision d'investir en attendant de voir plus clair. Déjà que l'investissement privé est relativement faible en Algérie, cette situation va encore le ralentir, c'est pourquoi il devient maintenant urgent, non pas d'organiser une élection présidentielle à la hussarde, mais de donner un signal fort quant à un horizon raisonnable pour organiser une véritable transition. Un tel signal sur l'horizon politique et la feuille de route qui le porte atténueront sans aucun doute le facteur d'incertitude et favoriseront le retour à un fonctionnement plus ou moins normal».
Pragmatique à souhait, le professeur Belmihoub note que «si le Hirak n'est pas responsable, jusqu'à maintenant, de cette détérioration, il est toutefois responsable indirectement du report de la recherche d'une solution à la crise en raison du climat d'instabilité et d'incertitude qui s'installe et de l'absence de l'autorité publique dotée d'un vrai gouvernement compétent et responsable pour prendre les décisions économique qui s'imposent» et dans l'immédiat, il préconise de prendre des mesures pour éviter une plus grande détérioration des grands équilibres économiques et pour assurer la continuité de l'activité économique, seule génératrice de richesse. Ainsi il recommande ce qu'il appelle : un plan d'urgence de sauvegarde. «Il eut été très utile, d'élaborer une loi de finances complémentaire pour 2019. Un retour à l'orthodoxie budgétaire et financière: action sur les dépenses publiques et sur les recettes. Dans le chapitre des dépenses, il est nécessaire d'instaurer une austérité sur le train de vie des administrations et autres organismes publics dont beaucoup n'ont aucune utilité pour la collectivité (conseils, instances, observatoires...), imposer une réduction d'au moins 10% sur les dépenses de fonctionnement hors salaires.
Dans le chapitre recettes et à défaut d'une LFC pour réviser certaines dispositions fiscales, il y a lieu d'utiliser toutes les dispositions prévues antérieurement sans restriction aucune (certains impôts et taxes prévus par la législation) qui n'ont jamais été mises en œuvre pour différentes raisons, renforcer la saisie de l'assiette et le recouvrement des impôts et taxes». Et à l'analyste-chercheur en économie de proposer des pistes pour venir à bout d'anomalies du genre de cette disposition qui exonère de la TVA l'acheteur (non assujetti) d'un véhicule monté en Algérie, alors que ce même véhicule a été exonéré de la TVA à l'importation comme kits ou collections, cette TVA non perçue par le Trésor et qui est certainement encaissée par le centre de montage. Dans la même optique de remédier à la situation, Mohamed Chérif Belmihoub évoque la possibilité de lever des fonds de l'épargne publique par l'émission de titres obligataire afin de remplacer les titres arrivés à échéance en juillet 2019. «Il s'agira de renouveler l'opération périodiquement (à commencer par le renouvellement de l'emprunt obligataire de 2016 de 1600 mds de DA qui arrive partiellement à terme (échéance à trois ans) en juillet 2019.
Sauvegarder le pouvoir d'achat du citoyen pour maintenir l'activité économique et l'emploi. Pour cela, des actions au plan interne et externe doivent être engagées comme la lutte contre la spéculation et l'élargissement de la fiscalisation des activités commerciales, contrôle sévère des prix à la consommation, meilleure surveillance des frontières pour limiter la fuite de produits algériens importés ou fabriqués localement et souvent subventionnés. Rationalisation des subventions : arbitrage sur l'énergie entre électricité et carburants. Il est nécessaire de faire évoluer les prix des carburants si l'on veut maintenir les prix de l'électricité et du gaz ou alors augmentation graduelle des deux. Sauvegarder l'outil de production (les entreprises productrices) en distinguant les affaires judiciaires de la continuité de l'exploitation des entreprises qui sont utiles pour le présent et l'avenir de l'économie nationale». Tout un programme, comme on n'en voit pas la moindre esquisse de la part d'un gouvernement qui, il est vrai, semble avoir d'autres priorités.
Azedine Maktour


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