Il aura suffi qu'une vidéo soit diffusée sur les réseaux sociaux il y a quelques jours, montrant des centaines de poissons morts ou agonisants flottant à la surface du lac «Dhayat Oum Ghellaz» à Oued Tlélat, pour que les réactions de simples amateurs de la nature et autres écologistes et fervents défenseurs de l'environnement réagissent et dénoncent de telles scènes désastreuses et révoltantes qui ne peuvent résulter que d'un rejet d'eaux usées ou de produits toxiques. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Aussitôt, le wali d'Oran s'était rendu sur les lieux et avait ordonné une enquête mais cela n'est pas suffisant puisque ce jeudi, la ministre de l'Environnement s'est rendue à Oran pour s'enquérir personnellement de la situation. Sur place Mme Zerouati a qualifié la scène de désolante et d'inadmissible et d'instruire les responsables locaux et relevant du secteur qu'«il faut un suivi permanent ainsi que des prélèvements réguliers suivis d'analyses» sans attendre qu'il y ait une telle catastrophe écologique pour agir. L'équipe pluridisciplinaire composée d'inspecteurs, d'experts en biologie, d'un chercheur algérien volontaire de renommée internationale, ainsi que des cadres des organismes sous tutelle, à savoir l'Observatoire national de l'environnement et du développement durable et le Commissariat national du littoral, avaient été envoyés en urgence par le ministère de l'Environnement, où un premier constat sur les lieux a fait ressortir que la cause de la mort des poissons est «l'asphyxie due à une très faible concentration d'oxygène dissoute dans l'eau». A un moment de la visite d'inspection l'un des responsables locaux fera rappeler que le site est censé être un lieu touristique mais à l'abandon, la ministre n'a pas pu contenir sa contrariété. «C'est inconcevable ! Ces industriels doivent rendre des comptes, il va falloir prendre des décisions fermes et qu'elles soient appliquées !» Elle fera savoir à l'assistance que s'il y a eu des autorisations accordées à une quelconque usine pour procéder au déversement de produits toxiques ou des eaux usées au niveau de ce lac, des sanctions et des mesures seront prises à l'encontre des responsables locaux. L'usine en question vers laquelle des doigts accusateurs se pointent est bien connue pour sa commercialisation de boissons gazeuses, on ne la nommera pas tant que l'enquête suit son cours. D'autant que beaucoup restent sceptiques quant aux sanctions que devra subir cette usine. «On n'en est pas à la première catastrophe de ce genre», nous dit-on. D'ailleurs, la ministre a fait rappeler qu'en 2013, il y a déjà eu une atteinte similaire à l'environnement. Seulement, dit-elle, cela n'avait pas été autant médiatisé, «mais aujourd'hui, grâce aux réseaux sociaux et à l'action des défenseurs de l'environnement, cette catastrophe a pu être connue et largement diffusée». La ministre de l'Environnement a fait savoir qu'il y a des solutions qui ont été prises à court terme à travers l'enlèvement et l'enfouissement des poissons morts. Parallèlement à cela, les spécialistes ont procédé «au prélèvement d'eau par l'Observatoire national de l'environnement et du développement durable pour effectuer des analyses physico-chimiques, une prise d'échantillons de poissons pour analyse, l'organisation de visites de contrôle des unités industrielles environnantes d'Oued Tlélat et vérifier leurs rejets». Mme la ministre dira qu'il est plus qu'urgent d'accélérer la concrétisation du projet relatif à la réalisation de la station de traitement des eaux usées qui est en cours de lancement par le ministère des Ressources en eau. Et pour le long terme dit-elle, il faut enclencher la préservation du site qui lui assurera un plan de gestion et de protection contre tout danger et en faire un lieu touristique. Pour ce faire, il faudrait classifier le lac dans l'une des catégories d'aires protégées, conformément à la loi relative aux aires protégées dans le cadre du développement durable. Et d'insister avant de quitter les lieux : «Aujourd'hui, avant demain, le premier responsable de la wilaya d'Oran prendra des mesures de sanctions contre toute personne dans le secteur industriel et les parties lui ayant accordé l'autorisation de rejet de ces produits. Ils devront assumer toute la responsabilité de leurs actes et seront sévèrement sanctionnés», dira la ministre de l'Environnement. A. B.