L'absence d'un cadre juridique clairement établi pour la filière VTC (voiture de tourisme avec chauffeur), service accessible via smartphone après téléchargement d'une application, risque de donner lieu à une situation qui illustrera parfaitement le retard accusé par les pouvoirs publics pour se mettre au diapason de l'évolution technologique, au grand dam des centaines de start-up algériennes qui, elles, n'attendent pas pour nous propulser dans le nouveau monde. Des start-up bien de chez nous qui ont montré toute l'étendue de leur ingéniosité, mais qui souffrent de l'absence d'un véritable écosystème, pourtant promis dans les discours de qui de droit depuis plusieurs années. En effet, dans le domaine du recours au service d'une voiture de tourisme avec chauffeur (VTC), qui, au rythme où vont les choses, fera passer le taxi classique au rang de vestige d'un temps révolu, ils sont de nombreux jeunes entrepreneurs à s'être lancés dans l'aventure alliant business et TIC. Un créneau, il est vrai, très porteur tant le système de transport public, malgré les immenses services rendus par le métro dans la capitale, demeure toujours aussi archaïque, alors que le VTC offre, entre autres avantages, la latitude de connaître le prix du service à l'avance et permet de suivre la voiture louée sur son écran de smartphone. Le concept est d'une grande simplicité. Grâce à l'application téléchargée sur le smartphone, le demandeur du service est mis en relation avec un chauffeur lié à des conditions déterminées avec l'entreprise offrant le service via l'application. La course expédiée, le chauffeur est rémunéré suivant les termes du contrat, avec des marges qui peuvent « grossir », selon l'état de la concurrence notamment. Le dynamisme dont font preuve les startuppers algériens a permis la naissance d'une dizaine d'offres d'applications dédiées au VTC depuis que le concept a fait son entrée dans les milieux initiés dans le pays, en 2017, pour ensuite prendre de l'ampleur dans l'écosystème naissant ces derniers mois. Une dimension insoupçonnée, en dehors du microcosme des initiés, au point où les applications de Yassir et TemTem ou encore Coursa ou Wesselni, parmi d'autres, sont devenues incontournables pour des milliers d'usagers des transports. Des applications qui ont permis à des start-up bien de chez nous de se fondre dans le gotha de celles avec lesquelles il faudra compter non seulement en Algérie mais également dans la région Mana, à en croire des sites et autres sources spécialisées dans les technologies de l'information et la communication. Une dynamique qui, il faut le souligner, s'est accommodée autant qu'elle le peut du lent rythme pris par l'objectif de la smart Algérie, la numérisation du pays. Le long rythme de la numérisation, d'une part, et un vide juridique de l'autre, qui nuisent à l'activité qui, il faut le dire, attise les convoitises même au-delà de nos frontières, comme c'est le cas par exemple du VTC le plus connu de par le monde, Uber pour ne pas le nommer, qui a racheté l'émirati Careem pour plus de 3 milliards de dollars au début de cette année, ou encore du français Heetch qui prévoit d'intégrer le décor algérien avant la fin de cette année. Une incursion qui en est déjà à une étape bien avancée si l'on se fie au lancement du recrutement de chauffeurs à Alger par Heetch. Des VTC qui, on l'imagine facilement, ne viennent pas en Algérie pour des miettes, pays considéré stratégique mais également où beaucoup d'argent, et pas que des dinars, est à gagner surtout en raison de l'absence d'une législation autrement plus adaptée que celle qui régit le transport dans tous ses vecteurs classiques jusque-là. Un vide qui a de quoi permettre que l'on vienne étouffer dans l'œuf les ambitions des jeunes startuppers locaux. Azedine Maktour