Les Américaines sont-elles imbattables à la Coupe du monde de football ? Leur demi-finale ce soir (20h) à Lyon voudra dire beaucoup, car les Anglaises font elles aussi très forte impression dans le tournoi. Le sel de ce choc repose notamment sur le duel annoncé entre l'attaquante-vedette de la «Team USA» Megan Rapinoe et sa vis-à-vis Lucy Bronze, star des «Lionesses», le surnom de la sélection anglaise. L'aura de Rapinoe a largement dépassé le monde du football après ses prises de position contre Donald Trump. L'attaquante de 33 ans, connue pour ses engagements contre les discriminations, l'a répété: elle ne se rendra pas à la Maison Blanche en cas de titre, car le chef de l'Etat américain «ne se bat pas pour les mêmes choses que nous». La réponse agacée de Trump sur Twitter – «Megan devrait d'abord GAGNER avant de PARLER !» - n'a pas eu l'air de la freiner sur le terrain. Elle vient d'inscrire le doublé de la victoire contre la France en quart de finale (2-1), comme elle l'avait fait contre l'Espagne en huitième (2-1). «Ça a toujours été une combattante sur le terrain, quelqu'un d'unique, et en dehors, c'est aussi une guerrière. Elle m'inspire. Elle ne recule pas, elle n'est pas timide face aux plus hauts obstacles, elle devient même encore plus grande», l'a félicitée sa coéquipière Christen Press hier devant les journalistes.
Coup de canon Au total, elle compte cinq buts dans cette Coupe du monde et figure en tête du classement des meilleures marqueuses avec sa compatriote Alex Morgan, l'Australienne Sam Kerr, mais surtout une Anglaise, Ellen White. Outre la concurrence de White, elle aura en face d'elle sur son côté gauche un redoutable duel avec Lucy Bronze. L'arrière droite anglaise est la grande star de sa sélection et vient d'inscrire l'un des plus beaux buts du tournoi, le coup de canon du 3-0 contre la Norvège en quart, sous les applaudissements d'un certain David Beckham. Polyvalente, la défenseure peut jouer partout ou presque sur le terrain. «C'est une de leurs meilleures attaquantes», a souri la sélectionneuse américaine Jill Ellis en la couvrant d'éloges. «Elle fait partie des joueuses exceptionnelles. Elle imprime un très bon rythme, toujours en train d'attaquer. Bien sûr elle va le faire, un peu comme les joueuses françaises très portées sur l'offensive».
«à la maison» Et Bronze sera la locale de l'étape, puisqu'elle évolue depuis deux ans à Lyon, devenue sa «maison», une ville qu'elle «adore» et où elle «rêve» de disputer une finale de Coupe du monde. Pour Jill Ellis aussi, cette rencontre a un goût très particulier. Et pour cause, la sélectionneuse américaine est née il y a 52 ans en... Angleterre, à Portsmouth, avant de déménager avec ses parents aux Etats-Unis pendant son enfance. Se sent-elle Américaine ? «Je suis complètement Américaine sauf quand je vais faire mes courses au supermarché avec mon caddie !», a-t-elle plaisanté. «C'est aux Etats-Unis que j'ai pu devenir footballeuse, puis coach, ce qui n'était pas prévu au départ. Même si l'Angleterre, c'est beaucoup de souvenirs». Triple championne du monde (1991, 1999, 2015) et quadruple médaillée d'or aux JO (1996, 2004, 2008, 2012), la «Team USA» fait figure de grande favorite pour cette Coupe du monde en France. C'est la «meilleure équipe du monde», reconnaît le sélectionneur anglais et ancien joueur de Manchester United Phil Neville, qui ne veut pas pour autant renoncer au «style» offensif de son équipe et laisse toute «liberté» à ses joueuses. Cette demi-finale Angleterre-Etats-Unis est «un des matchs les plus importants dans le football féminin avec des joueuses fantastiques dans les deux équipes», a-t-il souligné. L'Angleterre a déjà égalé son meilleur résultat de la Coupe du monde 2015, une demi-finale, et rêve de goûter enfin à la première finale de son histoire. Il faudra d'abord faire tomber l'ogre américain, une lourde tâche. Puis en cas d'exploit, défier le vainqueur de l'autre demi-finale qui opposera les Pays-Bas à la Suède mercredi.