Le président iranien Hassan Rohani a laissé entendre mercredi que son pays était ouvert à un échange de pétroliers avec la Grande-Bretagne et que des discussions indirectes avaient lieu entre Téhéran et Washington malgré la crise entre les deux capitales. «Nous ne voulons pas de tensions avec certains pays européens», a dit M. Rohani en conseil des ministres, selon une transcription de ses propos disponible sur le site internet du gouvernement. En pleine crise des tankers entre la République islamique et le Royaume-Uni, il fait clairement référence à la Grande-Bretagne, affirmant : «Si les Européens cessent les actions inappropriées qu'ils ont entreprises, y compris celle à Gibraltar, la réponse de l'Iran sera» adaptée à une telle mesure. Les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, ont saisi vendredi dans le détroit d'Ormuz le Stena Impero, pétrolier suédois battant pavillon britannique, quinze jours après l'arraisonnement du pétrolier iranien Grace 1 par les autorités britanniques. Le président iranien a en outre laissé entendre qu'il était ouvert à des discussions s'il observe «un cessez-le-feu» dans la «guerre économique» qu'il accuse Washington de mener avec ses sanctions contre l'Iran. Région stratégique pour l'approvisionnement mondial en pétrole, le Golfe traverse une nouvelle période de turbulences. Celles-ci sont liées à l'exacerbation des tensions entre Téhéran et Washington depuis le retrait unilatéral américain, en mai 2018, de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015. Le rétablissement de sanctions américaines à partir d'août 2018 et la politique de «pression maximale» menée par Washington ont fait plonger l'économie iranienne. «Sur ce point, certains pays jouent les intermédiaires, même si eux disent qu'ils ne le sont pas et qu'ils sont juste en train d'exprimer leur propre point de vue», a encore affirmé M. Rohani. «Il y a eu des lettres émanant des deux côtés et cela continue», a-t-il ajouté. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe s'est rendu à Téhéran en juin pour des discussions destinées à faire baisser les tensions entre l'Iran et les Etats-Unis. Le 10 juillet, Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique du président français Emmanuel Macron, était à Téhéran afin d'œuvrer à une «désescalade». Le Japon a nié jouer un rôle d'intermédiaire entre l'Iran et les Etats-Unis, et la France n'a pas employé ce terme, indiquant que la mission de M. Bonne était «d'essayer d'ouvrir l'espace de discussion».