Ce détroit est un lieu de passage pour un tiers du pétrole acheminé par voie maritime sur la planète. C'est dire que la région devient un transit dangereux pour les pétroliers. Le pétrolier Mesdar, appartenant à Sonatrach, a été contraint vendredi de mettre le cap vers les eaux territoriales iraniennes par les gardes-côtes de la Marine iranienne, au moment où il traversait le détroit d'Ormuz, a annoncé hier la compagnie nationale des hydrocarbures. «Le vendredi 19 juillet 2019, à 19h30, heure algérienne, le pétrolier Mesdar, de 2 000 000 de barils de capacité, propriété de Sonatrach, a été contraint de mettre le cap vers les eaux territoriales des côtes iraniennes, par les gardes-côtes de la marine iranienne, au moment où il traversait le détroit d'Ormuz», a expliqué la même source dans un communiqué. «Le navire se dirigeait, en fait, vers Tanura pour charger du pétrole brut pour le compte de la compagnie chinoise Unipec», a-t-on ajouté. A cet effet, une cellule de suivi a été immédiatement mise en place entre les départements ministériels de l'Energie et des Affaires étrangères, jusqu'au dénouement de cette affaire à 20h45, a fait savoir Sonatrach, précisant qu'«aucun incident humain ou matériel n'a été enregistré». Le détroit d'Ormuz est devenu ces dernières semaines le théâtre d'incidents liés à la tension grandissante entre Washington et Téhéran. Un pétrolier battant pavillon britannique a d'ailleurs été arraisonné dans ce détroit et les autorités du Royaume-Uni appellent à éviter ce passage maritime stratégique «où se multiplient les incidents». Le tanker Stena Impero, a été arraisonné pour non-respect du code maritime international par les autorités iraniennes et emmené au port de Bandar Abbas. Avant le Stena Impero, un autre tanker, battant pavillon libérien, avait été arraisonné puis relâché. Ces saisies sont une riposte iranienne à la détention pour 30 jours d'un pétrolier iranien dans le détroit de Gibraltar par les autorités britanniques pour le motif de «vouloir livrer du brut à la Syrie en violation des sanctions européennes contre Damas». L'Iran avait assuré qu'il riposterait à cet acte de «piraterie». Les pays européens ont appelé à la libération du Stena Impero en avertissant qu'«une nouvelle escalade serait très dangereuse pour la région». Le directeur général de l'Autorité portuaire de la province iranienne d'Hormozgan affirme, pour sa part, que le Stena Impero «est entré en collision avec un bateau de pêche qui a ensuite contacté le pétrolier mais n'a pas reçu de réponse… Le bateau de pêche a alors informé l'Autorité portuaire, qui a ouvert une enquête sur les causes de l'accident». Ceci et de noter que «le pétrolier avait continué son chemin avec son transpondeur éteint ce qui a poussé à sa saisi». Un autre tanker étranger serait aussi détenu par les gardiens de la révolution, dont ils soupçonnent l'équipage de contrebande de carburant dans le Golfe. C'est dire que la région devient un transit dangereux pour les pétroliers. Ce détroit est un lieu de passage pour un tiers du pétrole acheminé par voie maritime sur la planète. Outre ces incidents, une autre polémique est née à propos d'un drone iranien que les Américains affirment avoir abattu dans le détroit d'Ormuz et que l'Iran dément formellement. C'est donc dans ce contexte de tension que le navire algérien a été retenu pour un petit moment dans ce détroit où se joue une nouvelle partie de la géopolitique mondiale.