La Grande-Bretagne cherche une réponse à la saisie par l'Iran, illégale selon elle, d'un pétrolier battant pavillon britannique vendredi dans le détroit d'Ormuz, nouvel incident dans la guerre des nerfs qui oppose depuis des semaines Téhéran aux Occidentaux. Le gouvernement britannique promet d'annoncer des mesures ce lundi au Parlement mais les experts de la région soulignent que les options sont très limitées pour Londres au moment où les sanctions contre l'Iran ont été poussées à leur maximum par les Etats-Unis. "Nous allons examiner une série d'options", a déclaré le secrétaire d'Etat britannique à la Défense, Tobias Ellwood, sur l'antenne de Sky News. "Nous allons parler avec nos collègues, nos alliés internationaux, pour voir ce que l'on peut faire." "Notre première préoccupation est de trouver une solution pour le navire actuellement bloqué, de nous assurer que les navires britanniques pourront naviguer en sécurité dans ces eaux, nous pourrons alors regarder le tableau d'ensemble", a-t-il ajouté. La saisie du Stena Impero est intervenue une quinzaine de jours après l'arraisonnement, le 4 juillet par les Royal Marines, du pétrolier iranien Grace 1 au large de Gibraltar. Londres l'accuse de transporter du pétrole qui était destiné à la Syrie, en violation de sanctions internationales. Le Grace 1 est toujours immobilisé à Gibraltar. "Les Gardiens de la Révolution ont répliqué au détournement du pétrolier iranien par les Britanniques", a déclaré dimanche le président du parlement iranien, Ali Larijani, lors d'une session retransmise en direct par la radio nationale.
Zarif plaide la prudence L'ambassadeur d'Iran à Londres a conjuré dans le même temps le Royaume-Uni de contenir ses "forces politiques internes" qui, selon lui, recherchent une escalade des tensions. "Le gouvernement, à Londres, doit contenir les forces politiques intérieures qui souhaitent une escalade de la tension entre l'Iran et le Royaume-Uni, bien au-delà de la question des navires. C'est plutôt dangereux et imprudent, au moment où la région traverse une passe délicate", a écrit sur Twitter Hamid Baeidinejad. Il a assuré en outre que "l'Iran est déterminé et prêt pour différents cas de figure". Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a quant à lui estimé dimanche que seules "la prudence et la prévoyance" permettraient d'atténuer les tensions actuelles. Un responsable iranien a assuré à la télévision publique iranienne que les 23 membres d'équipage du Stena Impero étaient tous saufs et en bonne santé. "Les 23 membres d'équipage du navire sont sains et saufs et en bonne santé, dans le port de Bandar Abbas", a déclaré Allahmorad Afifipour, directeur de l'Organisation portuaire et maritime de la province d'Hormozgan. Afifipour a déclaré que le pétrolier saisi "avait menacé la sécurité maritime" dans le détroit d'Ormuz, par où transite un cinquième de la consommation mondiale de pétrole.
Priorité à la désescalade Dans une lettre transmise samedi au Conseil de sécurité des Nations unies et au secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, la mission diplomatique britannique dénonce une "ingérence illégale" de l'Iran. Le pétrolier se trouvait dans les eaux territoriales d'Oman lorsqu'il a été intercepté par les forces iraniennes, écrit-elle dans le document que Reuters a pu consulter, et il exerçait donc "son droit de transit dans un détroit international comme prévu dans le cadre du droit international". Le sultanat d'Oman, qui entretient de bonnes relations avec Téhéran, a exhorté l'Iran à permettre au Stena Impero de reprendre la mer, et a appelé toutes les parties à faire montre de retenue. Le ministre d'Etat saoudien chargé des Affaires étrangères, Adel Al Joubeir, a qualifié d'"inacceptable" la saisie par l'Iran du pétrolier britannique. "Toute attaque contre la liberté de navigation est une violation du droit international", a-t-il écrit sur Twitter. "L'Iran doit comprendre que ses actes (...) sont complètement inacceptables. La communauté internationale doit prendre des mesures pour prévenir un tel comportement." Le Qatar a fait part de sa préoccupation et exhorté toutes les parties à la retenue. La mission britannique à l'Onu dit être très préoccupée par les tensions actuelles avec l'Iran et souligne que sa priorité est une désescalade. "Nous ne cherchons pas la confrontation avec l'Iran", dit-elle dans la lettre.