Juillet, mois de toutes les craintes pour la faune, la flore et tout le patrimoine forestier du nord du pays, a été malheureusement jusqu'à ce dernier week-end, marqué par une impressionnante série d'incendies dans plusieurs cas spectaculaires, dont les wilayas de Tizi-Ouzou, Bouira, Skikda, Jijel et Béjaïa particulièrement. Sur de nombreuses parties de la bande nord du pays, c'est un spectacle d'une tristesse absolue auquel ont été contraintes les populations locales qui, comme d'habitude à pareille période de l'année, vivent avec la hantise des feux qui menacent de se déclencher de n'importe où, surtout en période de canicule, comme c'est le cas depuis la mi-juillet tout singulièrement. D'insoutenables photos de singes magots calcinés, des plantations et des forêts réduites en cendres ont ainsi fait le tour des réseaux depuis le milieu de la semaine dernière, lorsque plusieurs wilayas du centre et de l'est du pays brûlaient et les populations locales condamnées au calvaire jusqu'en milieu urbain, les feux menaçant même d'emporter les habitations. Depuis le début de l'été et jusqu'au début du dernier week-end, ce sont près de… 7 000 hectares qui ont été détruits par quelques 850 feux recensés à travers l'ensemble du territoire national. Une véritable hécatombe dont ont fait les frais, selon un bilan pas définitif de cette atroce semaine, plus de 1 500 ha de forêts, près de 2 000 ha de maquis et pas loin de 3 000 ha de broussailles, sans parler de plusieurs dizaines de milliers d'arbres fruitiers et de champs entiers d'orge et de blé. Pour l'exemple, comme le relèvent les bilans quotidiens de la Protection civile de Tizi-Ouzou, où mardi et mercredi derniers, les incendies d'été ont atteint les cimes en nombre et en dégâts occasionnés, il a été fait état, rien que pour la journée de lundi dernier, de 45 départs de feux enregistrés tous éteints, dont 18 qualifiés d'«importants», recensés à travers les localités de Tigzirt, Mekla, Bouzeguène, Aït Yahia, Aït Yahia Moussa, Bounouh, Draâ El Mizan, Imsouhal, Aïn El Hammam, Tizi Ntléta, Illoula, Aït Zekki et Azeffoun. «Les efforts des agents de la protection civile appuyés par des citoyens et les moyens des APC ainsi que des services des forêts ont permis d'épargner plusieurs villages menacés et nombre de champs d'oliviers et de massifs forestiers», relatait-on à la cellule de communication de la Direction de la Protection civile (DPC) de Tizi-Ouzou qui, pour le bilan de mardi dernier, relevait 51 départs de feux enregistrés, dont 18 d'importance, tous éteints après «la mobilisation d'importants moyens dont ceux de l'une des deux colonnes mobiles» entre divers territoires de la wilaya, de Tigzirt à Tizi-Ouzou en passant par près d'une quinzaine d'autres localités, telles Beni Aïssi, Beni Douala, Tizi Gheniff, Illiltène, les Ouadhias et autres Boghni et le massif de Tala Guilef pour lequel deux hélicoptères de l'unité aérienne de la Protection civile ont été dépêchés. Quant aux dégâts subis, rien que pour la journée de mardi, ils concernent les broussailles (70 ha), du maquis (35 ha), les forêts (22 ha) et environ 1 500 arbres fruitiers et oliviers. Des dégâts qui ont semé désolation et colère comme c'était le cas, il y a quarante-huit heures, en plein week-end, du côté de la paradisiaque forêt des Ath Ghobri, dans la région de Yakouren où plusieurs incendies se sont simultanément déclarés pour n'être maîtrisés pour la plupart qu'en fin de journée de vendredi, selon des sources locales qui préféraient ne pas eu trop se hasarder à estimer l'ampleur des dégâts, préférant attendre le bilan de la Protection civile dont les éléments n'ont pas le temps de souffler depuis plusieurs jours maintenant. Plusieurs autres wilayas du pays, au centre comme dans la Mitidja, à l'est et à l'ouest étaient hier sur le pied de guerre en raison notamment des vents qui s'étaient levés aussi bien à l'intérieur que sur la côte, donc facteur pouvant aggraver tout potentiel incendie. C'est dire ainsi si l'état d'alerte est à son maximum afin d'éviter le pire, parce qu'il faut se rendre à l'évidence, en l'état actuel de beaucoup de nos forêts, transformées en dépotoirs à ciel ouvert, entre autres raisons, la vigilance doit être de rigueur. Encore heureux que jusqu'à hier, aucune perte en vie humaine n'est à déplorer. Azedine Maktour