L�Espagne a r�ussi le doubl� Euro-Mondial en 2008-2010 � la faveur de son jeu offensif de passes et tout en ma�trise (le �toque�), mais entre deux cris d�all�gresse se faufilent des questions sur la suite d�une g�n�ration dont certains cadres sont d�j� trentenaires. Moins flamboyant La Roja avait �cras� l�Euro-2008. Au Mondial-2010, elle a conc�d� une d�faite (Suisse, 1-0) et est devenue le champion du monde le moins prolifique de l�histoire (huit buts marqu�s seulement), de mani�re un peu paradoxale. �On g�n�re des occasions, et c�est s�r que le pourcentage de buts n�est pas tr�s �lev�, en tout cas pas autant qu�habituellement en �quipe d�Espagne�, avait d�ailleurs admis Xavi samedi. Un d�ficit d� au manque de r�ussite des attaquants et � des �quipes adverses repli�es. Cadres m�rs �Les matches ont �t� compliqu�s, se sont ferm�s, a expliqu� Villa. Mais l�Espagne a toujours gard� sa philosophie, et c�est surtout pour �a qu�on m�rite ce titre de champion du monde�. Les piliers de la Seleccion sont � leur apog�e, notamment les Barcelonais qui ont engrang� dimanche le seul titre qui leur manquait. S�ils peuvent faire un dernier tour de piste � l�Euro-2012, iront-ils au Mondial-2014 ? Iniesta et Torres auront 30 ans, Villa et Xabi Alonso 32,Xavi 34, Capdevila et Puyol 36. Ce dernier a d�j� dit qu�il prendrait sa d�cision sur une �ventuelle retraite internationale en concertation avec le s�lectionneur Vicente Del Bosque et le directeur sportif Fernando Hierro �apr�s la finale�. Capdevila a confi� qu�il continuerait bien jusqu�� l�Euro-2012. Quant � Casillas, il a 29 ans mais son poste de gardien lui permet de voir loin. Jeunes piliers Parmi les jeunes, outre l��ancien� Sergio Ramos (67 s�lections � 24 ans), Del Bosque a fait une place � Busquets (qui aura 22 ans vendredi) et Piqu� (23 ans), d�j� des valeurs s�res.Il y a aussi le cas Fabregas (23 ans) : titulaire � l�Euro-2008, il a depuis perdu sa place mais est appel� � prendre celle de Xavi t�t ou tard. Cette succession pr�visible pose la question: qu�en sera-t-il du style de jeu qui a fait le succ�s de la Roja lorsque Xavi, sa clef de vo�te, partira ? Fabregas est davantage un n�10 classique, plus offensif et dribbleur. Pas s�r qu�il garantisse la m�me possession de balle que le n�8. La rel�ve Le s�lectionneur a veill� � injecter du sang frais depuis 2008, dans le onze de d�part (Busquets, Piqu�, Pedro) ou sur le banc (Jesus Navas, Mata, Llorente, Javier Martinez). Il dispose aussi des champions d�Europe 2008 David Silva et Cazorla comme solutions offensives, des promesses Bojan et Canales, s�ils trouvent du temps de jeu au Bar�a et au Real, voire du revenant Negredo. S�il ne voulait pas changer une recette qui gagne, Del Bosque a aussi relev� que �l�immobilisme n��tait jamais bon dans le foot�. Il l�a prouv� en renfor�ant l�assise d�fensive de la Roja (deux buts encaiss�s seulement au Mondial- 2010), alignant deux milieux d�fensifs (Busquets et Xabi Alonso), ce que lui avait un temps reproch� son pr�d�cesseur Luis Aragones. Pas touche au �toque�. � Nuit de folie en Espagne L'Espagne a f�t� fr�n�tiquement jusqu�au bout de la nuit, aux cris de �Campeones, Campeones, o�, o�, o� !�, la premi�re Coupe du monde de son histoire, remport�e dimanche soir contre les Pays-Bas (1-0 a.p.) � Johannesburg. Dans le centre de Madrid, peu avant 4h du matin (2h GMT), des dizaines de milliers de jeunes, filles et gar�ons, portant presque tous le maillot rouge de la �seleccion� ou torses nus, enrob�s dans des drapeaux espagnols sang et or, envahissaient encore les principales art�res du centre. �On fait la fiesta, avec Andres Iniesta!�, l�auteur du but victorieux, chantait un groupe de fans de la Roja Puerta del Sol, la place embl�matique du centre de Madrid. Dans la rue Montera adjacente, des prostitu�es tentaient en vain d�alpaguer des supporteurs tout � leur joie et leur ivresse. �Le football, ce n�est pas seulement un truc de mecs, �a appartient � tout le monde�, revendiquait en riant Ester 42 ans, dans un bar lesbien du quartier gay de Chueca, sur fond de vari�t�s andalouses � plein r�gime. Les rues de la capitale, jonch�es de gobelets, canettes et sacs plastiques ressemblaient � une gigantesque poubelle � ciel ouvert. De nombreux policiers surveillaient placidement la liesse. Un h�licopt�re de la police balayait du ciel la foule de son puissant projecteur, tandis que r�sonnaient p�tards et sir�nes de v�hicules du Samu. �Enfin, enfin, c�est arriv� �Les m�dias espagnols d�crivaient des sc�nes similaires dans toute l�Espagne, � Malaga, Valence, Valladolid. Pas d�incidents notable, sauf � Grenade (sud) o� la police a charg� pour disperser des supporteurs agit�s. M�me dans la nationaliste capitale catalane Barcelone, normalement peu encline � supporter la Roja, 75 000 fans ont vibr� devant un �cran g�ant. Des centaines se sont ensuite baign�s dans la fontaine de Montjuic. Cette fiesta du si�cle �tait partie pour durer au-del� du petit matin. Les Madril�nes r�servent un triomphe tout aussi d�mesur� aux h�ros de Johannesburg, attendus hier en d�but d�apr�s-midi. La bande d�Iniesta devait d�filer � bord d�un bus d�capotable apr�s avoir �t� f�licit�e de vive voix � 17h par le roi Juan Carlos, puis par le chef du gouvernement, Jos� Luis Rodriguez Zapatero. �Je suis heureux et �mu (...) J�ai souffert comme rarement. Mais Iniesta a �t� spectaculaire�, a d�clar� M. Zapatero sur la radio Cadena Ser, f�licitant en direct le p�re du joueur. �Tant de g�n�rations, depuis que je suis tout petit, ont esp�r� gagner un Mondial. Et enfin, enfin, c�est arriv�, a ajout� M. Zapatero. Alors que l�Espagne se d�bat dans une crise �conomique majeure marqu�e par un ch�mage galopant, il s�est dit convaincu que cette victoire �va nous donner de l�estime de soi, de la confiance� et que le pays va �se lever avec force�. Dans le centre de Madrid, des fumig�nes rouges ont illumin� le ciel du Fan Park au coup de sifflet final, o� 250 000 supporteurs ont assist� � la rencontre sur quatre �crans g�ants, selon une estimation des m�dias. �Viva Espa�a� �Ouaahhhhhh!!!!!�, a hurl� la foule sans reprendre son souffle pendant plus de deux minutes quand Iniesta a marqu� le but lib�rateur, � la fin de la prolongation. Des �Viva Espa�a!� et �Espagnols, Espagnols, Nous sommes Espagnols!� ont jailli � l�unisson de millions de foyers, bars et places surchauff�s de tout le pays. �On va c�l�brer �a comme des dingues, toute la nuit, tout lundi, jusqu�� mardi matin�, confiait, Miguel Angel, 41 ans, venu sp�cialement de Bilbao (Pays Basque) pour l��v�nement � Madrid. Les militaires espagnols en mission � l�ext�rieur ont f�t� la victoire dans leurs bases d�Afghanistan ou au Liban.