L'armée est plus que jamais déterminée à prendre le taureau par les cornes et à peser de tout son poids pour clore cette longue parenthèse d'une crise politique sans précédent. Après avoir tracé le cap, en fixant même le calendrier pour une présidentielle qui doit intervenir courant décembre prochain, l'institution appelle à une sorte de prise de conscience nationale collective pour parer à cette situation exceptionnelle. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Hier mardi, et au deuxième jour de sa visite de travail en 4e Région militaire à Ouargla, le vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, a consacré l'essentiel de son discours, en effet, à cette question. «Il est de notre devoir de nous rappeler cette ferme volonté et ce grand espoir en s'inspirant des leçons des expériences de nos aïeux et prédécesseurs, pour être à la hauteur de leurs espoirs et leurs sacrifices et suivre leur chemin. Ces expériences doivent nous servir pour trouver les solutions adéquates pour une sortie urgente de cette crise, car l'Algérie avait déjà rencontré par le passé des crises dont elle a su s'en sortir forte et triomphante. Aussi, devons-nous nous inspirer de ces riches expériences pour renforcer et conforter notre unité devant tout ce qui menace l'Algérie et lui veut du mal». Le patron de l'armée ajoutera, qu'en fin de compte, «la situation actuelle est une affaire algérienne interne qui nous concerne seuls, et exige nécessairement des solutions émanant de notre vécu et de nos expériences». La veille, pour rappel, Gaïd Salah avait vertement interpellé ceux, parmi les acteurs de la classe politique, qui n'ont de cesse d'inviter l'armée à s'inspirer de l'expérience soudanaise. Aussi, insiste-t-il, cette fois, sur le dialogue, la modération ainsi que sur la quête de solutions strictement et exclusivement nationales. «Même si les points de vue divergent, et les avis diffèrent sans mettre en péril notre cohésion, expliquera-t-il à ce propos, il nous appartient à nous seuls en tant qu'Algériens de parvenir, sans obstination ni entêtement, à ces solutions et à les employer de manière à dépasser notre crise sereinement, à se consacrer et se mobiliser ensemble au service de l'Algérie pour assurer son développement et son essor dans tous les domaines». Le patron de l'ANP tenait à rappeler, encore une fois, la gravité de la crise pour mieux faire comprendre la position de l'institution. «Nous sommes tous tenus de prendre conscience de la sensibilité de cette phase et d'être persuadés qu'adopter la voie du dialogue rationnel, honnête et sérieux, et d'œuvrer à sa réussite et son aboutissement, loin du négativisme, des discours vides et du fatalisme, est un devoir national exigé par l'intérêt suprême de l'Algérie et par les impératifs de la garantie de son avenir, la sauvegarde de sa souveraineté et la protection de son économie nationale, de ses richesses et de ses ressources financières». Gaïd Salah fera également comprendre que l'armée maîtrise bien la situation lorsqu'il affirmera, par exemple : «Notre conviction au sein de l'ANP est profonde et nous avons la totale certitude que nous dépasserons la situation que traverse notre pays, et nous arriverons, ensemble, avec notre chère patrie à bon port comme à chaque fois. Nous avons, ajoutera-t-il, un grand espoir que notre pays atteigne sa place naturelle et méritée parmi les nations (…)». Partant, il appellera à «la mobilisation de tout un chacun, et ce, en réponse à l'exigence nationale insistante, qui doit être la priorité de tous, et placée au-dessus de l'égoïsme des personnes et de leurs envies». En allusion à tous ceux qui s'opposent à l'option de la présidentielle et d'un retour à la normalité institutionnelle, Gaïd Salah ajoutera que «cet égoïsme qui a aveuglé ceux qui ne connaissent pas la valeur de ce pays et de son peuple, qui excellent dans l'art de la diffamation et la médisance et tentent vainement d'induire en erreur l'opinion publique et semer le doute sur toute initiative nationale salutaire pour résoudre la crise, œuvrant à pousser notre pays vers des méandres aux issues incertaines, au service de la bande et de ceux qui gravitent autour d'elle.» Et à cette ferme mise en garde, de suivre aussitôt après : «Il est certain que les projets et les plans de cette horde d'égarés et de traîtres qui sont à l'encontre des intérêts de la patrie et du peuple seront forcément voués à l'échec. A ces conspirateurs aventuriers nous disons : si votre loyauté n'est pas envers la patrie mais envers ses ennemis, ceux qui la guettent et vos intérêts personnels, que vous placez comme votre priorité suprême, nous réitérons, à partir de cette tribune, qu'au sein de l'ANP, digne héritière de la glorieuse ALN, nous demeurerons toujours aux côtés des citoyens fidèles et loyaux au serment des vaillants chouhada, car nous n'avons aucune autre loyauté qu'envers Allah et la nation». C'est dire que, depuis quelques jours, les tirs de Gaïd Salah se font de plus en plus précis. Lundi dernier, il avait même parlé, et pour la première fois, de «certains partis politiques». K. A.