La mise sous mandat de dépôt, avant-hier, par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed à Alger, de 22 manifestants pacifiques arrêtés lors du 30e vendredi des manifestations populaires contre le système, suscite toujours l'indignation des partis politiques, des organisations de la société civile et des citoyens. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Lorsque la décision du juge a été prononcée à l'encontre des premiers manifestants, les autres ont compris que la prison d'El Harrach les attendait. Ils ont alors secoué la salle par le strident slogan «pour un Etat civil et non militaire», ont rapporté leurs avocats. La décision du juge a choqué l'opinion, même si les mesures répressives étaient prévisibles. Dans un communiqué, le RCD a soutenu que «il est clair depuis trois mois que les arrestations arbitraires et les mises sous mandat de dépôt répondent à une stratégie bien réfléchie par ceux qui ont squatté les centres de décisions en violation des lois de la Constitution ». Pour ce parti qui compte plusieurs militants en prison, il s'agit de faire peur et de diviser le mouvement populaire et d'opérer un coup de force contre la souveraineté que le peuple a décidé de se réapproprier. «Le rappel des caciques du système pour diriger des structures en relation avec l'organisation des élections tels le panel et l'Instance d'organisation des élections sont là pour confirmer que leur seul objectif est de sauver le système corrompu à l'origine des malheurs des Algériens», souligne le RCD, dénonçant «des méthodes et des pratiques de triste mémoire pour les Algériennes et les Algériens». Et d'affirmer que ces rafles exécutées par un ministre de l'intérieur qui a longtemps servi d'agent dans la promotion du régionalisme sous le Président déchu déshonorent encore plus les institutions de l'Etat. «Le crédit de la justice dans la confection de «supports juridiques» pour entériner cet arbitraire fait craindre le pire pour le pays. Le RCD reste convaincu que le replâtrage des lambeaux du système politique ne peut être viable ni durable. Il exige la libération de tous les détenus d'opinion et met en garde contre cette politique du pire», ajoute le parti dans son communiqué. L'association RAJ qui compte elle aussi des membres parmi les 22 détenus a condamné «une décision arbitraire qui représente une atteinte flagrante aux libertés individuelles et collectives et une provocation de trop visant à l'étouffement de la révolution populaire des Algériens(nes) pour l'instauration de l'Etat des droits et des libertés». «Le RAJ dénonce ces décisions arbitraires qui reflètent combien est loin le fossé qui sépare le pouvoir réel des aspirations populaires revendiquant la liberté et la justice sociale», a souligné l'association dans un communiqué, appelant à la poursuite de la mobilisation populaire et pacifique et à ne pas répondre aux provocations du système qui ne se soucie que de sa survie. K. A. Constantine Trois manifestants devant le juge aujourd'hui Interpellés avant-hier lors d'une marche contre l'élection présidentielle à Constantine, trois manifestants comparaîtront aujourd'hui mardi devant le procureur de la République du tribunal Ziadia à Constantine, a annoncé le Collectif national pour la libération des détenus. Il s'agit de Bekkouche Mohamed, Ramdani Hacène et Tahar Ouglou qui ont participé à la marche de contestation. Le même collectif a annoncé que Fazil Dechicha, l'un des vendeurs de pin's arrêtés le 28 juin à Alger et mis sous mandat de dépôt à El-Harrach, sera auditionné par le juge de la 14e chambre du tribunal de Sidi M'hamed, ce mercredi 18 septembre à 10h. Il a appelé à un sit-in devant le tribunal pour soutenir ce détenu et exiger sa libération ainsi que la libération de tous les détenus du mouvement populaire. K. A.