Convoquée à comparaître devant le procureur du tribunal de Sidi M'hamed à Alger pour port du drapeau amazigh lors du 28e vendredi de mobilisation populaire, Sabrina Malek, militante de l'association RAJ, a été invitée à rentrer chez elle sans aucune poursuite ni procédure. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - A l'annonce de la nouvelle, hier matin, les citoyens et militants venus se rassembler devant le tribunal en guise de soutien, ont exprimé leur joie, saluant une autre victoire contre l'injustice et les passe-droits. «Notre amie et camarade Sabrina Malek est libre. Elle a été présentée devant le procureur ce matin, et ce dernier a classé l'affaire sans poursuite ni procédure. Merci à tous ceux et celles qui sont venus pour apporter leur solidarité et soutien. Un grand merci aux avocats», a lancé le président de RAJ, Abdelouahab Fersaoui, juste après l'annonce de la nouvelle. Les protestataires n'ont pas manqué de scander quelques slogans entonnés chaque vendredi, tel que «libérez les détenus» et «il n'y a pas d'élections avec les bandes». C'est la deuxième fois qu'un militant convoqué pour port de drapeau amazigh est libéré, après le cas du militant libéré par le tribunal d'Annaba, avec décision de restitution de l'emblème confisqué, prouvant ainsi que les accusations ne reposent sur aucune base juridique. Utilisé par le pouvoir pour diviser le peuple, la symbolique de l'emblème amazigh a été renforcé car les Algériens ont décidé de ne plus permettre à quiconque de les diviser pour régner sur eux, contre eux. Les citoyens, venus hier devant le tribunal, ont appelé à la libération des autres détenus incarcérés pour le même motif ainsi que tous les détenus d'opinion, à leur tête le moudjahid Lakhdar Bouregaâ. «Je me réjouis de la libération de Sabrina Malek, militante du RAJ. Elle a été interpellée lors de la marche du vendredi passé à Alger pour possession du drapeau amazigh. Selon les avocats, elle a été libérée sans qu'elle soit présentée devant le procureur de la république. l'essentiel l'affaire soit classée et je considère que sa libération est une victoire. j'espère qu'elle sera suivie par la libération d'autres détenus d'opinion qui croupissent encore en prison», a déclaré le président de RAJ au Soir d'Algérie. Notre interlocuteur a appelé à renforcer la mobilisation et la solidarité, estimant «inacceptable de mettre des citoyens en prison pour avoir exprimer une opinion ou avoir porter le drapeau amazigh qui n'est en aucun cas en contradiction avec l'emblème national». «C'est une atteinte flagrante et grave aux droits des citoyens, un abus de pouvoir qui ne participe pas au règlement de la crise multidimensionnelle que vit le pays. Cet entêtement du pouvoir ne peut que radicaliser le mouvement, car le peuple est déterminé, il ne peut pas revenir en arrière. le mouvement a survécu aux manœuvres, à la canicule, à la chaleur, aux vacances. le pouvoir n'a qu'à se mettre à l'évidence en répondant favorablement aux revendications du peuple algérien qui demande le changement du système», ajoute Fersaoui. Cadre du PT, Ramtane Taâzibt a participé au rassemblement. «Notre présence c'est pour réaffirmer notre combat pour la démocratie qui suppose la liberté absolue d'opinion. La libération de Sabrina Malek est une victoire contre l'emprisonnement arbitraire que continuent de subir des dizaines de citoyens dont Louisa Hanoune, Lakhdar Bouregaâ et tous ceux qui sont arrêtés pour port de l'étendard de l'amazighité», nous a-t-il déclaré. Il accuse le pouvoir de jouer à un jeu dangereux en maintenant en prison des manifestants qui ont fait à Alger et ailleurs, ce qui est fait en totale liberté en Kabylie. D'autres partis se sont félicités de la libération de la militante du RAJ. Le coordinateur du PLD, Mustapha Hadni, estime que la mobilisation doit se maintenir pour la libération de tous les détenus d'opinion. «Les mesures d'apaisement sont nécessaires pour instaurer un climat de confiance», soutient-il. K. A.
Quatre détenus comparaîtront jeudi prochain Des jeunes incarcérés à la prison d'El Harrach pour port du drapeau amazigh, dont l'élue RCD de l'APW de Tizi-Ouzou, Samira Messouci, vont comparaître, ce jeudi 5 septembre, devant la chambre d'instruction de Sidi M'hamed, et ce, après 75 jours d'incarcération, a-t-on appris des avocats des prévenus. Selon le collectif des avocats pour la dignité et le changement qui a confirmé l'information dans un communiqué, il s'agit de Messouci Samira, Chalal Amokrane, Aouici Moustapha et Kichou El Hadi. Le collectif a dénoncé l'arrestation arbitraire de tous les détenus d'opinion et la lenteur de la procédure d'instruction en cours, exigeant un non-lieu et la libération des détenus. K. A.