Mais, qu'est devenue Hennaya ? Cette ancienne commune était une véritable oasis, au milieu de la grande plaine qui s'étend de Ouled Riah à Remchi. Les nostalgiques du trajet Tlemcen -Oran par autobus dans les années 60, gardent un excellent souvenir de cette petite ville coloniale qui est restée attirante jusqu'à la fin des années 1970. Les propriétaires de terrain connus dans la région rivalisaient avec les colons et s'imposaient par leur travail et la qualité de leur produit. Tout le monde se souvient des Benzenine, Sebaâ, les Guermoudi et les Berrouigat. L'ex-Eugene Etienne dispose d'une superficie de 43 000 ha, mais la situation n'est guère reluisante pour les fellahs. La région à vocation agricole n'a pas de structures à la hauteur de ses ambitions. Une modeste délégation est mise à la disposition de cultivateurs. Cette structure avec un personnel réduit est loin de répondre aux exigences de l'heure. Cette situation pénalise les fellahs de la plaine irriguée de M'kacem de 900 ha, la plupart des orangeraies, dont la qualité est reconnue à l'échelle nationale. Oui, à une certaine époque Hennaya exportait ses fruits et légumes à travers toute l'Algérie. D'ailleurs, les colons la comparaient avec Aix-en-Provence pour la qualité de ses produits. Aujourd'hui, les fellahs lancent un cri de détresse au chef de l'exécutif : ils demandent tout simplement des moyens d'accompagnement pour combler le déficit dû à l'absence d'une structure : une subdivision agricole dans la commune, dotée de personnel qualifié pour relever le défi de la production et de la qualité. Dans une pétition, ces travailleurs de la terre dénoncent «des comportements irresponsables qui portent atteinte à leur dignité». Selon Selmane Lablak, responsable du canal d'irrigation de la station d'épuration de Hennaya, l'agriculture est confrontée à de nombreuses difficultés notamment l'avancée du béton : des terre fertiles ont été sacrifiées, un phénomène pourtant connu de tous. Hennaya reste à vocation agricole avec ses 1 000 agriculteurs, ses 10 000 emplois permanents et ses 40 000 saisonniers. Elle assure une production estimée à plus de 1 000 milliards de centimes. Cette «Mitidja» de l'extrême-ouest peut devenir un pôle agricole important au niveau national, et pour ce faire, il est important de mettre en place les moyens logistiques adéquats et surtout rester à l'écoute du fellah. M. Zenasni