«Le télétexte était lent mais il a ouvert la voie au monde ultrarapide de l'internet », nous rappelle, non un brin nostalgique Andy Holyer, Chargé d'enseignement à la School of Creative Technologies de l'Université de Portsmouth.(*) «La BBC a annoncé que 2020 marquerait la fin du service de texte Red Button — l'incarnation finale de ce qui était à l'origine connu sous les noms de Ceefax et Oracle », nous rappelle-t-il en référence à « ces vieux services de télévision textuels (qui) sembleraient ridiculement maladroits et démodés à une génération internet habituée au streaming instantané et aux applications pour tout». « Mais, aussi lent et frustrant que soit l'ancien système de texte, il a ouvert la voie au Web et nous a préparés au monde des médias sociaux», est-il, par ailleurs, reconnu à Ceefax, par lequel on désigne un standard de télétexte créé par la BBC «conforme aux spécifications publiées sous le nom générique « UK Teletext» et également utilisé par l'IBA sous le nom de « Oracle ». «L'acronyme est la retranscription phonétique de la locution anglaise see facts, en français : voir les faits », nous précise Wikipedia. « Le service Red Button (et ses prédécesseurs Ceefax / Teletext) nous ramène dans un pays étrange et étranger : la vie avant internet. » En effet, premier service d'information textuelle au monde lancé en 1974, Ceefax a été rejoint, au début des années 80, par Oracle (qui a été renommé plus tard Télétexte). « Les deux services ont dépendu de l'ancien signal de télévision analogique. Pour des raisons liées au matériel (grands tubes cathodiques en verre et électro-aimants lourds), il fallait une pause de quelques millisecondes entre deux images en mouvement — et cette pause correspondait au moment de la transmission des pages Ceefax. » Le système qui date d'octobre 1972 comportait alors trente pages d'information, avant d'être développé par des ingénieurs de la BBC. Le quatre boutons colorés pour l'accès rapide aux pages (début des années 1990 ), la technologie n'a pas changé depuis son introduction et semble maintenant dater d'un autre âge », précise Wikipedia. Certes, la technologie paraît désuète au prisme de la high tech contemporaine : « Seulement 200 pages d'information (composées de 25 lignes de 40 caractères chacune) peuvent sembler désespérément primitives de nos jours, lorsque vous pouvez diffuser des ensembles de boîtes sur votre mobile. Mais en 1974, si vous vouliez connaître les gros titres, vous deviez attendre le prochain bulletin d'informations.» Relue dans le contexte de l'époque, elle représente un tournant révolutionnaire pour ce qu'elle apporte comme facilités dans la vie quotidienne : «Si vous vouliez connaître les scores du football, vous deviez vous rendre chez les marchands de journaux et acheter un journal. Si vous vouliez savoir à quelle heure prendre le train pour Londres, vous deviez vous rendre à la gare et récupérer un horaire imprimé. Avec l'arrivée de Ceefax, les gens pouvaient regarder n'importe laquelle de ces choses en quelques minutes sur leur téléviseur à l'aide de leur télécommande — et les télécommandes étaient plutôt à la pointe de la technologie dans les années 70 également.» À l'origine, Ceefax et Oracle/Teletext étaient destinés à fournir des informations dites «à latence moyenne» (choses qui ne pouvaient pas attendre pour les journaux du lendemain matin) mais qui n'étaient pas aussi sensibles au facteur temps — telles que les prévisions météorologiques. D'autres applications commerciales apparurent dès le début et, au milieu des années 1990, pour les réservations de vols et de séjours de vacances économiques, ainsi que dans les domaines de l'information et du sport. Les offres de vols et séjours de dernière minute eurent un succès jamais démenti avant de passer vers des sites Web. Le système français Minitel connut les mêmes péripéties : « À la fin des années 1970, PTT, le service téléphonique français, souhaitait économiser de l'argent en imprimant et en distribuant des annuaires téléphoniques, tout en encourageant l'utilisation du réseau téléphonique dans son ensemble. Leur solution consistait à fournir à chaque abonné PTT un terminal Minitel gratuit et à mettre tous les numéros de téléphone sur leur système. » Diverses offres commerciales défilaient sur ce service dans une petite version francophone de la bulle internet, mais ce sont les services de «Messageries roses» qui connurent le plus grand succès (les «messages roses» étaient un euphémisme pour les services de chat pour adultes). Cet intermède historique n'est pas resté sans conséquences pour la suite car « ce sont Ceefax et le télétexte qui ont ouvert la voie au Web que nous tenons tous pour acquis. Cela nous a donné le premier aperçu d'un éventail de possibilités commerciales à notre disposition alors même que nous étions assis sur nos canapés. » Le charme du bon vieil analogique. A. B. (*) Andy Holyer https://theconversation.com/profiles/andy-holyer-842265, « Teletext was slow but it paved the way for the super-fast world of the internet », The Conversation, 25 septembre 2019, https://theconversation.com/ https://theconversation.com/teletext-was-slow-but-it-paved-the-way-for-the-super-fast-world-of-the-internet-124118?utm_medium=email&utm_campaign=Latest%20from%20The%20Conversation%20for%20September%2026%202019%20%201418713399&utm_content=Latest%20from%20T%20Conversation%20for%20September%2026%202019%20%201418713399+CID_eb8dadbc7e653f477b77955d77d3ac50&utm_source=campaign_monitor_uk&utm_term=Teletext%20was%20slow%20but%20it%20paved%20the%20way%20for%20the%20super-fast%20world%20of%20the%20internet