La capitale des Médjadba a été le théâtre d'une très grande fête à caractère aussi bien religieux que culturel et commercial. C'est la waâda annuelle du saint Sidi Ahmed Medjdoub, qui est célébrée depuis 1904, au premier vendredi de la mi-octobre. C'est la zaouïa qui organise chaque année ce grand rendez-vous qui a pris un cachet particulier. Le but premier est de préserver les traditions et les coutumes issues des préceptes de l'Islam, ensuite d'assurer une réunion annuelle de tous les Médjadba, régler tous les problèmes et les différends nés lors de l'année écoulée, recevoir et bien accueillir tous les visiteurs, joindre l'utile à l'agréable en assurant la restauration de tous les hôtes, organiser la fantasia, accompagnée de danses folkloriques et diverses activités commerciales. Asla, cœur de cette grandiose manifestation, est classée commune depuis l'indépendance et chef-lieu de daïra depuis 1984. Ses habitants, pour leur majorité, sont issus de la tribu des Medjadba, descendants de Sidi Ahmed Medjdoub. Ils sont connus pour leurs activités commerciales liées à la vente du bétail ovin, de la laine, du beurre et d'autres produits tirés de l'élevage et peu d'agriculture. Le vieux ksar de Asla a été fondé vers le 15e siècle, c'était un village de transit des caravanes allant vers le Touat et le Gourara. Elle a été ainsi dénommée « Asla » à cause de l'abondance du miel à travers ses roches et ses montagnes environnantes d'où l'existence d'innombrables ruches d'abeilles. Sidi Ahmed Medjdoub est le descendant d'une honorable famille du calife et compagnon du Prophète, Abou Bakr Essedik. Selon l'arbre généalogique, il est le fils de Slimane, fils de Abi-Issa… jusqu'à fils de Morra de la lignée du Prophète Mohammed, et du calife Abou Bakr Essedik. II est né en 1490 et a appris le Coran dès son plus jeune âge et élargi ses connaissances en matière de ‘'fiqh'' auprès d'éminents professeurs tel Sidi Ahmed Benyoucef El-Miliani. Son érudition et sa sagesse firent de lui le patron de la tribu à qui chacun recourait pour régler ses problèmes. Des quatre coins du pays, des milliers de visiteurs se sont rendus à Asla, non seulement pour la ziara du saint, mais aussi savourer le grand festival de l'équitation. Des tentes et khaïmate sont installées aux alentours de la place qui abrite la fête, gîtées par les sept factions que compte la descendance de Sidi Ahmed Medjdoub ; et des guitounes vides servant d'accueil des convives. Plusieurs moutons sont égorgés en cette occasion, du couscous servi en abondance et du thé à toute heure. Un grand espace est réservé au commerce, de l'ancien et du nouveau, du tapis d'Aflou, à la belle grenade de Boussemghoun, à la délicieuse datte « Aghraçe » de Moghrar, et même de l'électro-ménager, les ustensiles de cuisine et autres… Un autre espace est réservé aux guérisseurs, médaha, et autres... folklores traditionnels (ghaïta, bendir, karkabou)... Les plus importants espaces, où afflue le plus grand nombre de visiteurs : c'est là où se déroule la fantasia. Le meilleur divertissement dans ce genre de fête. « On ne peut imaginer une waâda sans fantasia ! Des cavaliers représentant les tribus en tenues spéciales (Medjadbas, Ouled Slimane, Ouled Sid Cheikh, Ouled Amer, Ouled Nhar (Sebdou), Hamiane, Kérarma, Médabihs, etc.), s'adonnent à des exhibitions suivies de coups de baroud qui résonnent à travers les montagnes. Sur une crête, des centaines de femmes assises contemplent les scènes, et, de temps à autre, lancent des youyous après chaque coup de baroud. Beaucoup, aussi, sont celles et ceux qui se recueillent sur la tombe du saint Sidi Ahmed Medjdoub pour une ziara (prière), au vieux ksar où se trouve sa kouba (mausolée) où une veillée religieuse (selka et hadra) se tient à la mémoire du saint dans la nuit du jeudi à vendredi. La fête se clôture après la prière du vendredi par une oraison commune (maârouf), récitée par l'un des doyens fils de Sidi Ahmed Medjdoub ; où l'on prie pour que vivent la tribu, le pays, et toute la Nation musulmane dans la paix, le bien-être et la prospérité. « Elle est sacrée (la waâda), coutumes et traditions obligent, sa date ne peut être ni avancée ni reportée (le premier vendredi de la mi-octobre », dira un cheikh de la tribu. C'est le grand rendez-vous des Ouled Sidi Ahmed Medjdoub, le week-end du 25 octobre prochain, sera la célébration de la waâda de Sidi Abdelkader Ben Mohamed (les Ouled Si Tadj), qui se tiendra à Kalaât cheikh Bouamama (ex-Moghrar-Tahtani), 50 km au sud de Aïn-Séfra. B. Henine