Egal à lui-même, Djamel Belmadi ! Toujours le mot qu'il faut pour répliquer aux questions, le sélectionneur national a «affronté» hier au CTN/FAF de Sidi Moussa des journalistes venus en «découdre» à la veille de la double confrontation des Verts, jeudi contre la Zambie à Blida, puis lundi prochain, à Gaborone, face au Botswana, en match des qualifications de la CAN-2021. De prime à bord, le constat se dégage : «On veut être dans la continuité. Donc battre la Zambie reste un objectif pour continuer à battre le record d'invincibilité», assure le driver de la sélection certain que «la Zambie n'est pas seulement un adversaire redoutable sur le papier mais aussi par rapport aux résultats de 2017. Nous sommes avertis, c'est une équipe qui nous a fait mal en prenant les six points lors des qualifications au Mondial».Leçon d'une histoire contemporaine d'un ensemble national qui continue d'avoir peur de ces équipes jadis à sa portée mais qui ont fini par inverser la tendance. Belmadi, le champion d'Afrique 2019, sait mieux que quiconque que la mission de son team est du domaine du difficile, pas de l'impossible. «On n'a pas ce souci de tomber dans de la suffisance. Pour préparer les joueurs à ce match, on leur rappelle cette double confrontation de 2017 qui leur fait encore mal. J'ai en tête les déclarations de Kalaba, ça suffira déjà pour nous motiver», enchaîne Belmadi qui ne veut penser au match de lundi prochain à Gaborone avant d'avoir «liquidé» celui de ce jeudi soir à Blida. «À domicile, on se doit de prendre les trois points. Ces qualifications, on les prendra match par match. Après la Zambie, on pensera au déplacement au Botswana», affirme le sélectionneur algérien qui estime que «l'objectif, c'est de bien démarrer à domicile en axant plus notre travail sur nos points forts plus que sur l'adversaire. Sans pour autant le sous-estimer». Pour s'y prendre, l'entraîneur des Verts veut se donner les moyens pour atteindre un certain niveau d'efficacité avant de penser «régaler». «Aujourd'hui, je suis pour un jeu organisé avec un bloc solide et une possession utile qui nous permet de faire mal à l'adversaire quand on a le ballon. Ce qui m'intéresse, c'est de gagner les matchs», fait-il savoir celui qui pense, par ailleurs, que le match de lundi prochain face au Botswana est «différent». «Le match face au Botswana mérite un temps d'acclimatation plus long au vu de l'écart des conditions climatiques entre les deux pays. Des échos que j'ai eus, les conditions de jeu à Gaborone sont catastrophiques là-bas», avertit celui qui ne pense pas que la présence d'un compatriote (Adel Amrouche, ndlr) à la barre technique des Zèbres puisse influer sur le déroulé du match. «Peu importe la nationalité de l'entraîneur, on apprend à connaître son adversaire avant de l'affronter. Après en tant qu'Algérien, on a davantage cette envie de prouver en battant la sélection de son pays». «Les blessés sont aptes» Passée la phase d'explication des objectifs durant ces deux premières sorties officielles comptant pour les qualifications de la CAN-2021, Belmadi abordera celle liée aux choix de la composante humaine particulièrement remixée avec l'arrivée de six nouvelles têtes, parmi lesquels quelques «bleus», à savoir Spano-Rahou, Helaïmia et Zorgane. Des arrivées induites par le souci de donner plus d'assise à la sélection ou bien parer à d'éventuelles défections parmi les joueurs régulièrement convoqués depuis sa prise de fonction l'année dernière mais qui reviennent de blessures. Pour Djamel Belmadi, les deux aspects (renforcement des effectifs et blessures) sont des motifs suffisamment valables pour expliquer ce mini-remue-ménage. «Les retours de blessure ne sont pas des handicaps. S'ils sont sélectionnés, c'est qu'ils sont aptes. On dispose de tous les rapports médicaux concernant l'état médical de Ramy (Bensebaïni) qui a disposé de quatre jours de repos et d'Islam (Slimani) qui est revenu après deux matchs d'indisponibilité. Il est arrivé un peu fatigué mais ce n'est pas un problème», explique Belmadi. A propos de l'absence de Yacine Brahimi, Belmadi a confirmé que le meneur d'Al-Rayane «n'est pas venu pour des raisons d'ordre familial. Sportivement, c'est un joueur en forme qui réalise de bonnes performances au Qatar». Et son remplacement par le jeune médian du Paradou, Adem Zorgane s'imposait de lui-même : «J'ai observé Zorgane depuis la saison dernière. C'est un joueur avec une certaine maturité et compréhension des différentes situations de jeu. A un si jeune âge, il y a une forme d'intelligence. Il a passé toutes les sélections, il ne manquait plus qu'il joue à un plus haut niveau. Ce qu'il est en train d'accomplir avec le Paradou en Coupe de la CAF plaide pour lui. C'est un joueur à suivre et qui devra confirmer», avoue Belmadi qui rappelle qu'il aime «compter sur des joueurs en forme». A l'exemple du revenant Hilal Soudani «qui a consenti beaucoup d'efforts pour arriver à un niveau de forme qui lui permet de revenir en sélection. Il joue régulièrement en championnat et marque des buts. Qu'il continue à être aussi performant en EN», espère le coach national qui évoque aussi la sélection de l'ancien latéral droit du MC Oran, Mohamed-Réda Helaïmia. «Je l'avais observé dans le cadre du match face au Qatar. Il est capable de bien défendre, tout en se portant vers l'avant en étant très à l'aise avec le ballon. Au vu des manques à son poste, je ne pouvais l'ignorer. Il mérite d'avoir sa chance et confirmer les bonnes décisions qu'il a prises en partant en Belgique», confie Djamel Belmadi qui assure, par ailleurs, que la sélection du défenseur axial de Valenciennes était programmée. «Spano a été suivi depuis plusieurs matchs. Avec le départ de Halliche, une place s'est libérée. Maintenant, rien n'est simple. Arriver dans les 23 n'est pas une finalité. Il faut y rester en étant performant pour confirmer sinon il sera difficile de réapparaître», dit Belmadi qui rappelle la difficulté de rentrer au sein du groupe Algérie. «Ce groupe n'est pas fermé ad vitam æternam. On est toujours dans la réflexion, la prospection et l'analyse des matchs chaque week-end avec mon staff». «Mahrez aime jouer souvent» Sur la situation en club de son capitaine, Riyad Mahrez, Belmadi a relativisé reconnaissant et la valeur du joueur de ManCity et de son entraîneur. «Pour Riyad, c'est un joueur talentueux qui aimerait jouer tous les matchs notamment dans une équipe comme City qui dispose de la possession et peut lui permettre de réaliser ses ambitions élevées», dira-t-il en substance. Belmadi qui a souvent mis en évidence sa relation amicale avec Guardiola qu'il a côtoyé quant il jouait au Qatar estime qu'il lui est difficile de prendre la défense de son capitaine en ne maîtrisant pas les causes qui poussent Pep Guardiola à l'utiliser le plus souvent possible. «Je ne veux pas tirer sur son entraîneur en club, je n'ai pas pour objectif de le mettre en difficulté avec son club. Sur un match comme Liverpool, je pense qu'il aurait pu avoir la possibilité de rentrer pour changer le cours du match», assure le coach national qui pense toutefois que «Malgré sa situation, Riyad a autant voire plus de temps de jeu que ses partenaires en sélection. Le fait de ne pas le voir jouer tous les matchs ne me dérange pas en tant que sélectionneur». Et de promettre un «grand Mahrez lors des prochaines sorties officielles de l'équipe nationale. «L'EN est très importante pour lui et il arrive toujours ici avec l'envie de marquer et d'être décisif devant son public. Je suis sûr que l'on verra un bon Riyad Mahrez face à la Zambie», confirme-t-il. Ghoulam, Aouar et les autres Alors que l'on pensait que le dossier des «absents» ne sera plus jamais soulevé durant ses points de presse, Belmadi semblait hier «décidé» à faire passer ses messages sur le sujet. Concernant Ghoulam d'abord. Un cas qui a été abordé depuis que Belmadi a été investi par la mission de conduire les Verts. Et qui s'est «corsé» dès lors que le Napolitain a «refusé de combattre» à l'occasion du rendez-vous africain d'Egypte. «Effectivement, avant la CAN, Faouzi m'a fait parvenir le message qu'il ne se sentait pas prêt pour la CAN et voulait préparer la saison à venir avec son club. Qu'est-ce que je peux faire ? Je travaille avec les joueurs à disposition. Néanmoins, avant le dernier regroupement, j'ai pris l'initiative de le contacter à nouveau pour savoir où il en est. Maintenant, vous me parlez d'appels du pied, à qui sont-ils destinés ? Si l'on veut communiquer, on utilise des canaux directs. Je n'ai pas envie de m'attarder dessus», avoue Belmadi qui concède que «le jour où tout sera réuni pour rejoindre l'équipe nationale, ce jour où j'estimerais qu'il est utile et que lui est prêt physiquement, il reviendra avec plaisir». Belmadi qui a tenu à ce que ses propos soient fidèlement rapportés «bondira» sur le cas Houssem Aouar et les autres binationaux réclamés par les médias et les fans algériens en rappelant que ces derniers propos sur le sujet n'ont, semble-t-il, pas été saisis. «Je veux faire ce point notamment sur les déclarations que j'ai eues lors de la dernière conférence sur le cas des binationaux éligibles à l'EN. Vous pensez réellement que l'on n'a pas ciblé ces joueurs ? Il faut être aveugle pour ne pas voir la qualité d'un Aouar. Il y a un effort et une initiative de chercher ces joueurs de qualité. Quand on travaille sur cela et que l'on n'a pas de retours positifs, certains qualifient ces joueurs de traîtres. Vous savez très bien de qui je parle», dit Belmadi en mettant l'accent sur la (mauvaise) conscience de certains animateurs de plateaux. Et de conclure : «Chacun est en mesure de faire ces choix de sélection et on ne doit pas leur en tenir rigueur et basculer dans de tels propos. Je dois insister sur le fait qu'il n'y a aucun joueur qui a quitté l'équipe de France pour rejoindre celle d'Algérie». Dossiers fermés, affaires classées ? M. B.